"L'affaire russe" : la démocratie américaine ébranlée

En janvier 2017, les agences de renseignement américaines ont confirmé qu’une tentative d’ingérence russe avait eu lieu pendant la campagne électorale de 2016. D’une part, les e-mails du Comité national démocrate (DNC) avaient été piratés et publiés à partir de l’été 2016 afin de nuire à la candidate démocrate ; d’autre part, une communication politique agressive avait cherché à perturber le processus électoral et favoriser Donald Trump.
Ce second mouvement, remarqué dès 2014, s’était traduit par une tentative de submerger les réseaux sociaux (bots, publicités, etc.) avec des informations fausses ou très partisanes pour enflammer les esprits.
Il n’est pas établi à ce jour que la campagne Trump a coopéré avec la Russie pour emporter l’élection. Cette accusation de collusion fait l’objet de plusieurs enquêtes du Congrès, et d’une enquête menée par le conseiller spécial Robert Mueller. Alors que les mises en examen de proches du président Trump se multiplient, contrats de lobbying, contacts avec des responsables russes, et entraves à la justice sont les motifs d’accusation possibles.
La Russie a vu l’efficacité de ses actions décuplée par les efforts de communication similaires menées par le Parti républicain en 2016 et par un environnement médiatique favorable. Les réseaux sociaux, les médias « critiques » tels que WikiLeaks, mais aussi les grands médias traditionnels en perte de crédibilité ont relayé et amplifié les informations visant à fragiliser les institutions, renforçant les doutes de l’opinion américaine.
L’affaire a mis en évidence les dysfonctionnements de la démocratie américaine, ce qui était l’objectif principal du Kremlin. Elle altère ainsi la confiance des Américains dans leurs institutions et pourrait entraîner la destitution du président Trump. Elle pointe également la responsabilité politique des grands acteurs de l’internet dans les tentatives de manipulation numérique.
Enfin, l’affaire redessine les relations russo-américaines, le Parti démocrate étant désormais, à l’inverse des décennies passées, hostile à la Russie de Poutine. Le Parti républicain conserve cependant sa méfiance traditionnelle vis-à-vis de Moscou. Redevenue ennemie de la démocratie américaine, la Russie pourrait avoir finalement perdu tous ses soutiens en Amérique.
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