Le national-conservatisme, quelle politique étrangère pour la "nouvelle droite" américaine ?

Le mouvement « national-conservateur » a été lancé aux États-Unis par le penseur ultra-conservateur israélo-américain Yoram Hazony, auteur en 2019 de La vertu du nationalisme. Avec la fondation Edmund Burke, il organise depuis 2019 des conférences annuelles qui rassemblent des penseurs et activistes de la « nouvelle droite » américaine.

Si l’enjeu de départ était de proposer une théorisation ex-post du trumpisme, les conférences annuelles des NatCons sont progressivement devenues un instrument de ralliement des courants cherchant à se débarrasser de l’ancien establishment républicain et à construire un nouveau programme politique. Le Claremont Institute, centre de recherche anti-libéral situé en Californie, a joué un rôle essentiel à l’origine du national-conservatisme, rejoint depuis par des intellectuels venus des think-tanks, publications et autres centres de recherche de la droite et de l’extrême droite américaines.
La chercheuse française Maya Kandel, qui a assisté aux conférences et mené de nombreux entretiens avec les tenants de ce mouvement, nous en livre une analyse précise et actuelle. Les réformes prônées par les « NatCons », comme ils se désignent eux-mêmes, sont les suivantes :
- Un système politique illibéral et chrétien, en rupture assumée avec la démocratie libérale, et qui invoque souvent le modèle défini par Viktor Orban en Hongrie. Les penseurs religieux (protestants, juifs et catholiques) sont nombreux et actifs dans ce mouvement.
- Un modèle économique rejetant la mondialisation néolibérale et redonnant un certain rôle à l’État fédéral (débarrassé des fonctionnaires hostiles du Deep State), qui évoque la politique industrielle mise en œuvre par l’administration Biden.
- En politique étrangère, les conservateurs nationalistes condamnent l’ordre international libéral mis en place par les Etats-Unis après 1945 et les interventions militaires extérieures. C’est sur cet aspect, particulièrement étudié par l’autrice, que les divergences les plus notables se révèlent. L’isolationnisme résolu des NatCons se heurte en effet à des prises de position très diverses sur le soutien à apporter ou non par Washington à l’Ukraine et à Taïwan.
Après trois conférences, en 2019, 2021 et 2022, l’influence politique du mouvement natcon est aujourd’hui significative au sein du parti républicain et au Congrès. Issus du trumpisme mais prêt à oublier l’homme d’affaire new-yorkais pour mieux structurer et diffuser leur programme, ils ont fait un accueil très enthousiaste, lors de la dernière édition en septembre 2022, au gouverneur de Floride Ron DeSantis, challengeur principal de Trump pour l’investiture républicaine aux présidentielles de 2024.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Le national-conservatisme, quelle politique étrangère pour la "nouvelle droite" américaine ?
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesVisite de Trump au Royaume-Uni : la « relation spéciale » à l’épreuve des faits
La visite d’État du président des États-Unis au Royaume-Uni, du 16 au 18 septembre 2025, a été perçue comme historique avant même d’avoir eu lieu.
Trump II : le choc des idéologies
L'administration Trump II agrège des courants idéologiques très différents, voire opposés : populisme d'extrême droite, droite chrétienne réactionnaire, paléo-libertarisme ou encore tech-libertarisme. Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, ce sont les mesures populistes qui ont été les plus visibles. En effet, l'autorité du président a été renforcée, les contre-pouvoirs ont été affaiblis, une politique identitaire a été engagée et un nationalisme économique a été mis en place.
La Colombie après trois ans de mandat de Gustavo Petro
L’élection en juin 2022 de Gustavo Petro à la présidence de la Colombie portait de grands espoirs de réformes sociales dans un des pays les plus inégalitaires au monde, et gouverné depuis l’indépendance par des droites rarement réformistes. Un an avant la fin du mandat de Petro (non rééligible), il faut constater que ces attentes ont été largement déçues, les initiatives chaotiques d’un président qui n’a pas su prendre la mesure de sa fonction étant souvent bloquées par un Congrès structurellement conservateur. Un retour à une politique plus traditionnelle est donc le scénario le plus probable après les élections de 2026.
Milei : rompre avec l'État
L’élection de Javier Milei en novembre 2023 vient bouleverser une démocratie argentine rétablie il y a quarante ans, toujours marquée par le souvenir de Juan Perón et fidèle au principe de la légitimité de l’État.