Russie/Ukraine, le piège
Alors que les frappes aériennes russes s'intensifient contre l'Ukraine, la diplomatie semble s'enliser en dépit de la succession d'initiatives et de manœuvres déployées ces dernières semaines. Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri, dresse un bilan de l'état actuel du processus de négociations.

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Une fois le bruit médiatique retombé, on se rend compte que les choses n'ont pas avancé, qu'on est toujours aussi loin du règlement de ce conflit.

Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri
Il rêve du prix Nobel de la paix. Donald Trump a accéléré ces dernières semaines ses manœuvres diplomatiques en vue d'une résolution de la guerre en Ukraine. En Alaska, lors du face-à-face avec Vladimir Poutine le 16 août dernier, le président américain se targue d'une "réunion extrêmement productive". Il exclut d’emblée une entrée de l’Ukraine au sein de l’OTAN, mais se défend de toute complaisance envers Moscou.
"Donald Trump finit par jouer le jeu de Vladimir Poutine depuis qu'il est entré en fonction", souligne Tatiana Kastouéva-Jean. Directrice du Centre Russie/Eurasie de l’Institut français des relations internationales (Ifri), elle pointe toute une série de concessions américaines. "Avant le début de la négociation, [Donald Trump] avait déjà dit que l'Ukraine n'entrerait pas dans l'OTAN. Et lors de la dernière séquence en Alaska, on a bien vu qu'il s'est rangé sur les positions de Vladimir Poutine. Sur le cessez-le-feu inconditionnel d'abord ou la négociation sur ce que Poutine appelle les racines du conflit."
Déterminé à obtenir un cessez-le-feu, Donald Trump ne vise désormais pas moins qu’un accord de paix. Mais sans avancées concrètes des négociations, il s’est dit "très déçu" du président russe. Il envisage des sanctions plus sévères à l’égard de Moscou, tout comme les Européens. "Une fois le bruit médiatique retombé, on se rend compte que les choses n'ont pas avancé, qu'on est toujours aussi loin du règlement de ce conflit", poursuit Tatiana Kastouéva-Jean.
Une administration dépassée ?
La chercheuse émet des doutes sur la compréhension par l'administration Trump des enjeux profonds du conflit et des motivations réelles de la Russie. "On a pu entendre dans les différentes interviews de Trump ou Steve Witkoff, son émissaire pour le conflit à la fois au Moyen-Orient et en Ukraine, que l'enjeu principal, ce sont les territoires. Or, les enjeux sont beaucoup plus larges et cela dépasse la question du Donbass."
Face aux équipes de Washington, les négociateurs russes "avancent en front uni, (...) et connaissent leur dossier sur le bout des doigts", précise-t-elle. Le président russe revendique notamment l’annexion de quatre régions dans l'est et dans le sud de l'Ukraine, ainsi que la Crimée occupée depuis 2014. Il réclame par ailleurs une capitulation et une démilitarisation du pays.
Tatiana Kastouéva-Jean relève également une "asymétrie au niveau de l'importance des enjeux". "Vladimir Poutine a fait de cette guerre un enjeu vital", dit-elle. Côté américain, "plus tôt [Donald Trump] se débarrasse de ce dossier, mieux c'est."
Pessimiste quant à la possibilité d'un sommet entre les présidents Zelensky et Poutine dans un avenir proche, elle pointe des "positions irréconciliables" entre Russes et Ukrainiens.
>Voir l'entièreté de l'émission sur le site de RTS.
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