« C’est le syndrome de la ligne Maginot » : le « mur anti-drones » européen, une fausse bonne idée ?
Poussé par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le « mur anti-drones » s’annonce comme un projet complexe, coûteux et à l’efficacité discutable. Pour répondre à la menace drone et dissuader la Russie, l’Europe doit surtout remuscler ses capacités offensives.

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En quoi consisterait exactement cet outil ? Loin d’être un mur physique, il serait constitué d’un ensemble d’équipements capables de repérer, de suivre et de détruire les drones ennemis, qui seraient installés le long des quelque 4.000 km du flanc Est de l’Otan. « Le mur anti-drones consisterait probablement en un système complexe associant plusieurs technologies : radars, équipements de détection optiques, acoustiques, électromagnétiques et drones de surveillance pour la détection ; canons, brouilleurs, drones anti-drones pour la destruction » , résume Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri).
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Une efficacité relative
L’autre limite majeure à l’idée d’un mur, c’est qu’aucun système anti-drones n’a pour l’instant montré une efficacité parfaite. « Les systèmes actuels permettent de détecter sans grande difficulté des drones de taille importante, comme les Shahed , c’est beaucoup plus difficile pour les petits quadricoptères à la signature radar très faible » , souligne Elie Tenenbaum.
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La menace vient aussi de l’intérieur
Dernière limite d’un potentiel « mur anti-drones » : celui-ci ne protège que des engins qui passent la frontière par les airs. La spectaculaire opération ukrainienne Spiderweb (Toile d‘araignée), qui avait vu la destruction d’au moins 13 bombardiers russes par des drones lancés depuis des camions en Russie le 1er juin, a montré que la menace peut venir de l’intérieur des territoires. Idem pour les survols de sites stratégiques en Allemagne ou au Danemark. « Pour la protection des sites stratégiques comme les aéroports ou les bases militaires, le concept de mur anti-drones n’a plus aucun sens » , juge Elie Tenenbaum.
Pour lutter contre la menace drone, l’Europe ne pourra donc se contenter d’un projet de mur à la fois onéreux, complexe et qui ne sera jamais totalement étanche. La réponse doit être différente selon la taille des drones, estiment les spécialistes. « Contre les petits drones type FPV, la solution consiste à muscler les défenses des sites stratégiques avec des systèmes intégrant des technologies complémentaires : acoustique, radar, infrarouge, optique » , pointe Elie Tenenbaum.
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