Europe-Russie : évaluation des rapports de forces
Audition d'Élie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Ifri, suite de la publication de l'étude « Europe-Russie : Évaluation des rapports de force ».
« Il nous semblait intéressant, pour remettre finalement en perspective certains rapports de force que l’on percevait en Europe — peut-être à tort — comme forcément défavorables en l’absence d’une aide américaine, de montrer qu’un regard froid et analytique pouvait révéler, certes, des vulnérabilités et des points d’attention, mais aussi une force européenne qui parfois s’ignore, ainsi que des points de faiblesse et de vulnérabilité de la Russie, qu’elle a jusqu’à présent relativement bien réussi à masquer à travers son entreprise [...].»
« Sur le plan des relations de sécurité, la Russie cherche donc à rétablir une forme de contrôle politico-sécuritaire sur son ancien espace impérial, tout en neutralisant et divisant autant que possible l’Europe de l’Ouest. Le facteur nucléaire est évidemment abordé : il est fondamental dans la perception d’une asymétrie russe que Moscou considère comme favorable. Pour autant, aujourd’hui, il existe des effets et des capacités de nivellement, notamment du fait de la dimension européenne de la dissuasion nucléaire française. Celle-ci ne saurait cependant suffire, en l’absence des États-Unis, à équilibrer et à résister à une menace de coercition nucléaire au-delà du périmètre des intérêts vitaux de la France, tels que le Président de la République peut les définir. »
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« La Russie a su capitaliser sur un certain nombre de narratifs et de récits qui dominent dans ce qu’on appelle le « Sud global », et cela en dépit des réalités économiques et de l’ampleur de l’aide au développement dans lesquelles l’Europe est bien davantage impliquée [...]. En jouant à la fois sur les questions de sécurité et sur le terrain informationnel, la Russie a aujourd’hui réussi, de fait, à fragiliser une position européenne qui paye le prix d’une certaine histoire et peut-être d’un manque d’agilité informationnelle [...]. »
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« La conclusion essentielle de l’étude est la suivante : à notre sens, les Européens, collectivement, ont les moyens économiques, le savoir-faire militaire et les compétences technologiques et industrielles pour faire face à la menace russe, à la condition essentielle de faire preuve de la volonté politique et de la cohésion européenne nécessaires. »
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> Regarder l'audition dans son intégralité sur le site du Sénat.
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Lire l'Étude de l'Ifri : « Europe-Russie : évaluation des rapports de force »
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