1935-2035, un siècle de ruptures démographiques
De 1935 à 1970, la révolution sanitaire et le progrès économique produisent un véritable emballement démographique. À la fin des années 1960, la croissance ralentit à la suite d’une baisse de la fécondité qui touche simultanément les pays développés et certaines régions du Tiers-Monde. Aujourd’hui, cette baisse s’est généralisée, au point que de nombreux pays ont une fécondité inférieure au seuil de reproduction. Cette tendance lourde va conduire, en un peu plus d’une génération, à un vieillissement sans précédent de la population mondiale.
Le siècle 1935-2035 est unique dans l’histoire de l’humanité : la population humaine connaît un accroissement sans précédent, passant de l’ordre de 2 milliards d’habitants à plus de 8 milliards. Au début de notre ère, elle avoisinait les 250 millions d’individus, puis elle n’a varié que très lentement jusqu’au XVIIIᵉ siècle. Mais le recul de la mortalité va changer les données. Celle-ci apparaît dans la partie la plus avancée du monde, en Europe, et permet l’explosion démographique du Vieux Continent, avec les tensions qu’elle engendre entre puissances rivales, le déferlement vers les Nouveaux Mondes et la colonisation de la moitié « vide » de la planète (sur un espace total de 70 millions de km², les Amériques, l’Océanie et la Russie à l’est de l’Oural ne totalisent que 22 millions d’habitants en 1700… contre 900 millions aujourd’hui !). Même la genèse de l’ordre bipolaire (1945-1989) ne peut se comprendre sans référence à l’histoire démographique longue. De 1750 à 1900, la croissance démographique des îles britanniques entraîne la multiplication de leur population par six, ainsi qu’un essaimage sur tous les continents (à l’exception de l’Europe) ; elle donne naissance aux États-Unis. Dans le même temps, la population russe a quintuplé, passant de 20 millions à 100 millions d’individus ; une telle évolution contribue à l’éclosion de la matrice soviétique. Le présent est donc, dans une large mesure, le fruit du passé. […]
PLAN DE L’ARTICLE
- Croissance et accélération : 1935-1970
- La révolution sanitaire
- L’emballement démographique
- Vitesse, universalité et causalité
- Décélération et essoufflement : 1970-2005
- Le tournant des années 1960
- Une seconde transition démographique ?
- Polarisation de la population mondiale et inversion de la pyramide des âges : 2005-2035
- Une démographie contrastée
- L’ère du gigantisme
- Maintien de l’hégémonie des États-Unis – jusqu’à quand ?
- La montée de l’islam asiatique
- L’inversion de la pyramide des âges
- Le poids changeant de la dépendance
Jean-Claude Chasteland a partagé sa carrière entre l’Institut national d’études démographiques (INED) et l’Organisation des Nations unies (ONU), où il a occupé différents postes de 1963 à 1991, dont celui, au siège, de directeur de la division de la population. Il s’est surtout spécialisé dans les problèmes de population du Tiers-Monde.
Jean-Claude Chesnais, docteur en démographie et en sciences économiques, est maître de conférences à l’École nationale d’administration (ENA) et à l’École polytechnique. Spécialiste des migrations, ses travaux se situent à l’interface de l’histoire et de la sociologie. Depuis 1985, il est directeur de recherches à l’INED.
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
1935-2035, un siècle de ruptures démographiques
En savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLa nouvelle stature diplomatique des pays du Golfe
Le poids politique et économique des monarchies du Golfe s’est considérablement renforcé. Ces pays ont diversifié leurs économies et sont devenus des hubs logistiques, attirant de nombreux investisseurs. Ils ont aussi réussi à projeter leur puissance au-delà de leurs frontières. Toutefois, l’extension régionale de la guerre ouverte par le Hamas le 7 octobre 2023 fait planer le doute sur la stabilité de cette zone, d’autant que le parapluie sécuritaire américain ne paraît plus assuré.
Une alliance bien vivante et qui s'adapte
Née d’une volonté de défense contre l’Union soviétique, l’Alliance a été réinventée à la fin de la guerre froide. Elle est engagée partout où les intérêts des Alliés sont menacés, et il n’existe pas aujourd’hui d’autre option de sécurité crédible pour ses membres. Mais l’Alliance doit savoir évoluer, s’adapter à de nouveaux défis, politiques et économiques, et ajuster ses modes de fonctionnement à la multiplication de ses membres.
L'OTAN : de Washington (1949) à Strasbourg-Kehl (2009)
On peut tenter de cerner l’histoire de l’Alliance en en repérant trois phases. La première est constituée par les quatre décennies de la guerre froide. Puis l’Alliance revêt le rôle d’accoucheur du changement politique en Europe. Dans l’après-11 septembre, le débat rebondit sur les défis de sécurité internationale et le rôle de l’Alliance. Il est aujourd’hui encore ouvert sur des questions fondamentales : entre autres la nécessaire redéfinition de ses missions, et des moyens correspondants.
Un programme pour l'OTAN : vers un réseau de sécurité mondiale
Le succès historique de l’Alliance est d’avoir unifié l’Occident face à la menace soviétique ; puis d’avoir, après la guerre froide, réussi à élargir cet Occident. L’Alliance doit pourtant aujourd’hui s’adapter à un monde nouveau marqué par l’éveil chaotique des peuples. Sa crédibilité dépend de la négociation d’une sortie politique de l’engagement en Afghanistan. À plus long terme, l’OTAN doit se penser comme centre d’un réseau d’organisations de sécurité à l’échelle du monde.