Élections de mi-mandat aux Philippines : la guerre des clans à son comble

Trois ans après les dernières élections générales et présidentielles, les électeurs philippins se sont de nouveau rendus aux urnes le 12 mai 2025 pour élire leurs représentants municipaux et parlementaires.

Alors que plus de 18 000 postes étaient en jeu à tous les niveaux de l’État, c’est l’élection sénatoriale – 12 postes sur 24 étaient à pourvoir – qui a concentré la majeure partie de l’attention politique et médiatique. La Chambre haute joue en effet un rôle stratégique dans la répartition des équilibres partisans en vue des élections présidentielles de 2028.
Le système politique philippin est dominé par des logiques dynastiques et oligarchiques, dans lequel les rapports de pouvoir entre familles prévalent sur les clivages idéologiques et les débats de fond. Or, les deux familles « régnantes », incarnées par Ferdinand Marcos Jr, président (et fils de l’ancien dictateur du même nom), et Sara Duterte, vice-présidente et fille du précédent président Rodrigo Duterte, sont en conflit ouvert depuis l’implosion de l’alliance opportuniste qu’ils avaient conclue pour les élections présidentielles de 2022. Dans ce contexte, les élections de mi-mandat se sont transformées en référendum déguisé pour la domination de l’un ou l’autre camp.
Dès les premiers jours de campagne, Ferdinand Marcos Jr, qui jouit d’une base partisane solide au Congrès mais d’un soutien populaire limité, a dramatisé l’enjeu électoral en le présentant comme un choix entre les « jours sombres » du régime de Rodrigo Duterte (2016-2022) et la promesse de « Philippines nouvelles », et a appelé les électeurs à rejeter le style de gouvernement autoritaire et clivant de son prédécesseur . Ce dernier a rapidement contre-attaqué, dénonçant l’incapacité du gouvernement en place à contenir l’inflation, tout en accusant au passage le président d’être héroïnomane .
La campagne a rapidement basculé dans une phase critique à la suite du vote de destitution de Sara Duterte le 7 février à la Chambre des représentants, qui devra être confirmé par le Sénat, puis de l’arrestation de Rodrigo Duterte le 11 mars et son extradition vers La Haye où il attend désormais son procès pour des accusations de crimes contre l’humanité, commis dans le cadre de sa guerre contre la drogue.
L’administration présidentielle a présenté une liste de douze candidats sénatoriaux , réunis sous la bannière de la coalition Alyansa Para sa Bagong Pilipinas (Alliance pour des Nouvelles Philippines). Constituée en mai 2024 en vue des élections de 2025, cette alliance associe le Partido Federal ng Pilipinas de Marcos et le Lakas–Christian Muslim Democrats (Lakas–CMD) de Romualdez, ainsi que trois autres partis également contrôlés par de puissantes dynasties politiques. L’Alyansa rassemble ainsi les forces dominantes du pays et s’imposait au début de la campagne comme acteur hégémonique du paysage politique philippin.
Dans l’opposition, le clan Duterte a porté une liste sénatoriale composée de dix candidats, les « Duter10 », parmi lesquels deux piliers de l’ancien régime : Bong Go, proche conseiller et bras droit de Rodrigo Duterte, et Ronald « Bato » dela Rosa, figure centrale de l’appareil répressif durant la guerre contre la drogue.
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