Politique énergétique allemande

Le 28 septembre 2010, Angela Merkel a annoncé la publication par son gouvernement d’un "concept de l’"énergie" décrivant la cible que souhaitait se donner la République Fédérale quant à sa consommation d’énergie en 2050.
Bien que ce texte ne concerne que l’Allemagne, il ne peut laisser indifférent les autres pays de l’Union européenne et notamment la France, car sa mise en œuvre influencerait les échanges intra-européens en matière d’électricité et, à plus court terme, son contenu risque d’être utilisé par l’Allemagne pour peser sur la politique européenne de l’énergie.
Bornons-nous à citer la phase clé du texte : "le gouvernement allemand cherchera à accroître la proportion de la consommation brute d’électricité des sources d’énergie renouvelable à 80% en 2050". Dans l’intervalle, la production d’électricité nucléaire aura cessé en Allemagne.
Comme cet objectif ne pourra de l’avis général, pas être atteint à partir de la seule production allemande d’énergie à partir de sources non renouvelables la solution pourra être recherchée dans deux directions :
- 1) l’importation massive d’électricité renouvelable notamment à partir du projet Desertec transférant de l’électricité solaire produite en Afrique, projet qui soulève de sérieuses réserves ; cette direction risque d’orienter en priorité les interconnexions intra-européennes en vue du transport d’électricité renouvelable vers l’Allemagne au détriment du bon fonctionnement du marché intérieur de l’électricité.
- 2) l’importation à partir des voisins d’électricité nucléaire permettant de compenser l’irrégularité des sources renouvelables, qu’il s’agisse par exemple, de la France si elle en a le désir ou de la Russie qui envisage la construction d’une centrale à Kaliningrad.
L’énergie est à l’ordre du jour du Conseil des Chefs d’Etats et de gouvernement de l’UE qui se réunit en février. Il ne s’agit pas pour la France de contester les projets de l’Allemagne Fédérale, mais de rappeler que la France a choisi un autre modèle combinant efficacité énergétique et apport de sources renouvelables, mais accordant une grande place à la production d’électricité nucléaire de troisième génération puis aux alentours du milieu du siècle, de quatrième génération. Ce modèle permet aujourd’hui à la France d’avoir en Europe le taux d’émission de gaz à effet de serre le plus faible de tous les pays membres par tonne d’équivalent pétrole consommée.
N’oublions pas que l’objectif essentiel est la maîtrise du changement climatique à moindre coût et que la politique de l’Union européenne doit donc s’orienter vers la production faiblement carbonée. Malgré leurs divergences sur la manière d’atteindre cet objectif, l’Allemagne et la France, partenaires essentiels au sein de l’Union, ont l’une et l’autre l’intention d’y parvenir.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analyses
Géopolitique du carbone. L’Europe en quête de puissance climatique
Alors que le monde reste très largement carboné et que le pic des émissions de gaz à effet de serre n’est pas encore atteint, la régulation du carbone et les technologies bas carbone sont un enjeu de rivalité entre puissances étatiques, entreprises, ONG et individus. Le climat, qui oblige à l’action commune malgré et au-delà des rapports de force, pose de multiples défis.
La dimension stratégique des compétences dans le pacte européen pour une industrie propre
Dans les batailles de la transition énergétique et de la compétitivité, l’Union européenne (UE) doit maîtriser un facteur déterminant : les compétences.
La transition énergétique au défi de la géopolitique. Comment dépasser les clivages idéologiques ?
Les positions et politiques du président Trump, les records de consommation de charbon et une demande d’électricité en plein boom dans le monde, la confrontation géoéconomique et les préoccupations généralisées sur la sécurité énergétique changent la donne pour l’appréhension des trajectoires réalistes de décarbonation.
La nouvelle politique énergétique des États-Unis : domination énergétique ou repli ?
Depuis son entrée en fonction, le président Trump a défini et commencé à mettre en œuvre une nouvelle stratégie énergétique pour les États-Unis, visant à soutenir les énergies fossiles, l’industrie nucléaire et le secteur des minéraux critiques.