Deus ex machina : les enjeux de l’autonomisation des systèmes d’armes

Si l’automatisation des machines s’inscrit dans une trajectoire historique, conceptuelle et technique déjà longue, les progrès exponentiels des techniques d’intelligence artificielle, de la robotique et leurs applications militaires laissent entrevoir l’émergence de systèmes intégrant davantage d’autonomie. En effet, malgré des campagnes appelant à un moratoire sur les armes autonomes, la plupart des puissances militaires développent des programmes axés sur l’autonomie.

Une véritable course aux armements autonomes se profile, dominée par les États-Unis et la Chine – en grande partie grâce à une industrie civile du numérique importante, très avancée sur le plan technologique et capable d’irriguer le développement d’applications militaires. La Russie suit de près ces deux géants, grâce à de nombreux projets qu’elle n’hésite pas à expérimenter sur les théâtres d’opérations. L’observation de leurs investissements militaires en recherche et développement dans ce domaine démontre en effet l’attrait significatif de ces pays pour l’autonomisation des systèmes d’armes.
Celui-ci est tel que l'autonomie est parfois envisagée comme une sorte de « deus ex machina », susceptible de remédier tant aux problèmes liés à la réduction du format des armées qu’à la moindre tolérance aux pertes humaines sur le champ de bataille. Cette étude s’attache toutefois à démontrer que l’autonomisation des systèmes d’armes ne saurait être un dénouement miraculeux capable de pallier toutes les difficultés auxquelles sont confrontées les forces armées françaises. Si « deus ex machina » il y a, c’est uniquement du fait des apports de la technique aux systèmes d’armes émergents. Or ce progrès technologique ne tombe justement pas du ciel : il s’agit alors de demeurer pragmatique pour préparer le changement de paradigme induit par l’essor des systèmes autonomes.
Alors que pourraient bientôt arriver sur le champ de bataille de véritables game changers tels que les essaims de drones ou les systèmes d’armes létaux autonomes (SALA), il est indispensable de penser les implications capacitaires et stratégiques que ces technologies auront pour les armées françaises. À cet égard, le besoin militaire, en réponse à la menace prospective, incite à une appropriation aussi rapide que possible des briques technologiques permettant l’autonomisation de certaines fonctions des systèmes d’armes. Cependant, le développement de systèmes d’armes intégrant de l’autonomie et l’acculturation à ces technologies représentent un défi de taille. Sortons le dieu de la machine, donc, afin d’éclairer les usages militaires des systèmes intégrant de l’autonomie.
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