la nouvelle politique énergétique des États-Unis : domination énergétique ou repli ?

Depuis son entrée en fonction, le président Trump a défini et commencé à mettre en œuvre une nouvelle stratégie énergétique pour les États-Unis, visant à soutenir les énergies fossiles, l’industrie nucléaire et le secteur des minéraux critiques.

La mise en œuvre de cette stratégie passe par des décrets présidentiels (executive orders), notamment pour faciliter les projets pétroliers et gaziers (en particulier en Alaska), pour soutenir l’industrie du charbon, développer l’industrie nucléaire américaine et accélérer les projets liés aux métaux critiques. En ce qui concerne les sources d’énergie renouvelables, si l’hydroélectricité et la géothermie sont officiellement encouragées, elles n’ont jusqu’à présent bénéficié d’aucun soutien concret. Les énergies éolienne et solaire sont critiquées, car elles sont considérées comme peu fiables et non compétitives. L’éolien en mer a fait l’objet de mesures spécifiques visant à entraver son développement.
Le programme « Drill, Baby, Drill » est confronté à des défis, la croissance de l’industrie pétrolière étant limitée en raison des prix bas du pétrole à l’heure actuelle, ce qui devrait entraîner une stabilisation, voire un léger recul, de la production et des exportations dans les années à venir. La chute des prix du pétrole limite également la croissance de la production de gaz, qui est néanmoins soutenue par l’augmentation des capacités d’exportation et la hausse de consommation du secteur électrique. La production de gaz américain et, plus encore, ses exportations devraient toutefois augmenter à court et moyen terme. Les négociations commerciales liées aux annonces de droits de douane sont utilisées comme un moyen de promouvoir le gaz et, plus largement, les exportations de produits énergétiques américains.
Dans le cadre de sa stratégie, le président Trump a réussi à faire adopter le One Big Beautiful Bill Act (OBBBA), qui met fin à la plupart des crédits d’impôt pour les énergies propres prévus dans l’Inflation Reduction Act de 2022.
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La politique énergétique de Donald Trump présente différents risques, que ce soit pour les États-Unis ou le monde :
Le développement de nouvelles capacités de production d’électricité nécessitera du temps, en particulier pour les centrales au gaz naturel, nucléaires et hydroélectriques, tandis que les centrales au charbon vieillissent et restent largement non compétitives. Il sera donc de plus en plus difficile de répondre à la demande croissante, alimentée par les ambitions de la nouvelle administration de rester un leader mondial dans le domaine de l’Intelligence artificielle (IA) et de développer les datacenters et les industries numériques au sein du pays. Le président Trump pourrait se voir contraint d’abandonner ou, au moins, de revoir à la baisse certaines de ces ambitions en raison de l’insuffisance du système électrique national. Si le secteur technologique devrait continuer à soutenir le développement des énergies renouvelables, la politique de Donald Trump pourrait accroître les tensions et les vulnérabilités déjà largement répandues dans le réseau électrique américain, en particulier si l’opposition à la planification du réseau à l’échelle nationale persiste. Dans l’ensemble, le développement des énergies éolienne et solaire, qui doit fournir la majeure partie des capacités de production supplémentaires au cours des cinq prochaines années, devrait se poursuivre, mais à un rythme beaucoup plus lent en raison de l’intensification de la pression fédérale. L’éolien en mer est actuellement la technologie la plus touchée par les mesures fédérales. Une production d’électricité insuffisante pourrait également entraîner une hausse des prix de l’électricité pour les consommateurs américains.
Les droits de douane à l’importation et l’OBBBA récemment adopté menacent l’industrie américaine des technologies propres, qui représente 5 % des exportations du pays et dont les capacités de production avaient augmenté du fait de l’IRA. Abandonner cette industrie aurait des répercussions considérables : premièrement, même si l’administration Trump s’éloigne de la transition énergétique, les États-Unis continueront d’importer des technologies bas-carbone et d’afficher un déficit dans ce secteur ; deuxièmement, le déclin de cette industrie entraînerait d’importantes pertes d’emplois, qui ne seraient probablement pas compensées par les secteurs des combustibles fossiles. La suppression progressive des subventions de l’IRA touche principalement les véhicules électriques, ainsi que les secteurs des énergies solaire et éolienne. En revanche, les dispositions relatives au captage et au stockage du carbone, domaine dans lequel les États-Unis restent leaders, ont été maintenues.
Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris est en cours. S’il reste difficile de prédire les évolutions à court et moyen termes, les prévisions suggèrent un ralentissement significatif de la baisse à long terme des émissions de gaz à effet de serre des États-Unis, avec même une potentielle augmentation des émissions pour l’année 2025.
> Cette publication est uniquement disponible en anglais: The New US Energy Policy: Energy Dominance or Fallback?
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