La corruption au Kenya. Décryptage d'un phénomène aux multiples facettes

Au Kenya, la corruption résulte d’une confusion des intérêts publics et privés propre aux logiques néo-patrimoniales en place depuis la colonisation britannique. Le facteur ethnique joue un rôle important dans la politique kenyane et il contribue à alimenter un rapport ambigu entre la population et l’élite.

Si les abus des dirigeants sont largement condamnés par les citoyens, nombre d’entre eux font preuve de résignation voire de tolérance face au phénomène, dont ils se sentent paradoxalement parfois bénéficiaires. Dans ce contexte, la lutte contre la corruption apparaît avant tout comme un moyen de discréditer les adversaires politiques auprès des citoyens – pour maintenir son pouvoir – et de rassurer les investisseurs internationaux – pour maintenir sa richesse.
L’étude du cas kenyan nous permet de distinguer deux principaux niveaux de corruption dans le secteur public : (i) la corruption politico-administrative, impliquant des agents publics de haut niveau (ministres, députés, gouverneurs locaux…) et d’autres agents publics ou des acteurs privés, et (ii) la corruption quotidienne, impliquant des agents publics de terrain (policiers, douaniers, employés des aéroports…) et des citoyens ordinaires.
Cette note fait appel au concept de néo-patrimonialisme, développé par le politiste Jean-François Médard en 1991 pour caractériser les gouvernements d’Afrique subsaharienne, et désignant une configuration où l’État, tout en se prétendant moderne, combine normes publiques et normes privées, contrairement à l’État bureaucratique au sens du sociologue Max Weber qui repose sur des règles impersonnelles. Il en résulte la personnification du pouvoir et l’accumulation des ressources (pouvoir, richesse) à des fins privées par un groupe restreint de personnes influentes, à la recherche de leurs intérêts personnels plutôt que du bien commun.
L’objectif de cette note est de souligner toute la complexité du phénomène de la corruption en analysant ses différentes manifestations dans un cas particulier, le Kenya contemporain, où elle s’inscrit dans un régime politique néo-patrimonial marqué par une politisation forte des appartenances ethniques.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
La corruption au Kenya. Décryptage d'un phénomène aux multiples facettes
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLe Congo-Brazzaville sur tous les fronts. Stratégies d’adaptation diplomatique dans un monde fragmenté
Dirigé par Denis Sassou-Nguesso depuis quatre décennies, le Congo développe une politique étrangère fondée sur le développement d’une stature de « président-médiateur » et sur une stratégie de « marchandage » (bargain) auprès des puissances internationales.
Politique et réseaux sociaux : influenceurs et blogueurs dans le jeu politique camerounais
Du fait de leur rapide expansion, les réseaux sociaux, notamment Facebook, sont devenus le nouveau champ d’expression des luttes sociopolitiques au Cameroun. Ces nouveaux supports de communication ont facilité la libération de la parole politique et l’extension de l’espace médiatique.
Les effets contradictoires des sanctions occidentales sur les relations économiques russo-africaines
Comment la Russie maintient-elle des liens économiques avec l’Afrique malgré les sanctions occidentales ? Une analyse des investissements, du commerce et des stratégies de contournement déployées par Moscou.
Les sources de revenus alimentant la guerre civile au Soudan. Leçons pour 2023
Les guerres nécessitent des fonds et des ressources. Bien souvent, les conflits impliquent une lutte pour le contrôle de sources de revenue et de lignes d'approvisionnement, ou pour les priver à l'ennemi. Cette dynamique s’est vérifiée dans les conflits passés du Soudan, et elle se répète aujourd’hui alors que la guerre civile — opposant les Forces armées soudanaises (SAF), dirigées par le général Abdelfattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (RSF), une milice paramilitaire commandée par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit “Hemedti” — s’enlise dans un conflit prolongé.