09
juil
2019
Publications Etudes de l'Ifri
L’éolienne flottante Floatgen, équipée du flotteur Ideol, installée sur le site SEM-REV (Centrale Nantes) au large du Croisic.

L’éolien offshore flottant dans sa dimension industrielle et technologique Études de l’Ifri, juillet 2019

L’Europe est à la pointe de l’éolien offshore sur fondation. Cette expérience réussie peut-elle être répliquée avec l’éolien flottant, qui offre de plus grandes perspectives de marché en levant la contrainte de profondeur des eaux ? Cette étude évalue les conditions de succès de cette nouvelle filière.

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L'éolien offshore sur fondation fait déjà partie des sources d'énergie renouvelable matures, affichant des performances techniques et économiques remarquables. L'Union européenne (UE) constitue son premier pôle mondial de développement, avec 18,3 gigawatts (GW) installés à fin 2018. Cependant, les éoliennes sur fondation ne peuvent être installées que sur un plancher océanique de faible profondeur, une caractéristique peu fréquente.

La technologie éolienne offshore flottante s'affranchit de cette contrainte. Plusieurs pays européens[1] ont encouragé sa mise au point, en testant divers modèles de flotteurs, d'abord avec des prototypes, puis des démonstrateurs de taille industrielle, et aujourd'hui des fermes au stade pré-commercial atteignant chacune une capacité de plusieurs dizaines de mégawatts (MW). Chaque étape antérieure a permis de valider des réponses techniques aux redoutables difficultés à affronter, notamment pour assurer la plus grande stabilité possible à la turbine malgré la houle. Cinq modèles de flotteur ont franchi cette épreuve et se retrouvent aujourd'hui dans les divers projets au stade pré-commercial ; ces derniers visent à engranger de nouveaux progrès concernant l'ancrage et le raccordement électrique.

Les installations flottantes parvenues au stade pré-commercial utilisent des turbines classiques, celles qui équipent les éoliennes offshore sur fondation, et des flotteurs conçus par des entreprises détenant une longue expérience dans l'industrie pétrolière ou la construction navale. En parallèle, des modèles novateurs de flotteurs et turbines sont en cours d'essai et pourraient percer ultérieurement. Tous les projets bénéficient d'une aide financière, sous forme de subventions, prêts avantageux et achat à prix bonifié de l'électricité produite, car il s'agit de petites séries (trois à cinq machines), dont la nouveauté implique des primes de risque de la part des apporteurs de capitaux ainsi que des compagnies d'assurance.

Les éoliennes flottantes présentent un atout majeur : on les assemble au port et on les achemine ensuite sur site avec un remorqueur ordinaire, qui peut aussi les ramener à terre pour la maintenance lourde ou le démantèlement final. Cette spécificité nourrit la conviction que la filière deviendra compétitive lorsqu'elle bénéficiera des effets d'échelle engendrés par le lancement de séries longues et des effets d'apprentissage réduisant les coûts d'exploitation. Toutefois, les États européens qui ont soutenu le lancement de cette technologie jusqu'à nos jours hésitent à poursuivre leur effort à une plus grande échelle, dans une période de rigueur budgétaire et de compétition internationale aiguë, qui incite à contenir le prix de l'énergie.

L'Europe a acquis une avance sensible dans la maîtrise de l'éolien flottant, car elle détient un ensemble de compétences particulièrement précieuses dans ce domaine ; par ailleurs, l'éolien flottant reprend de multiples composants mis au point pour l'industrie pétro-gazière offshore et dont les chaines de valeur sont en partie européennes. Elle pourrait néanmoins se voir rattrapée ou dépassée par des pays concurrents qui ont perçu le potentiel de cette filière et veulent participer à son déploiement. Nos entreprises pionnières nouent tout naturellement des partenariats dans ces pays, étant soucieuses de valoriser rapidement leurs acquis et manquant de visibilité sur les débouchés en Europe.

L'examen du dossier laisse penser que la filière possède de fortes chances de prendre une place importante dans la transition énergétique à venir. Aucun État européen ne pouvant assumer seul les charges qu'implique le développement de cette technologie, il semblerait judicieux de mettre en place une « alliance européenne de l'éolien offshore flottant » propre à accélérer sa mise au point et à conforter la place occupée par l'industrie de notre territoire dans sa diffusion.

 

[1]. France, Norvège, Portugal et Royaume-Uni (Écosse).

Projets éoliens offshore flottants en Europe - Carte -
 

 

Mots-clés
électricité Energie énergies renouvelables Eolien transition énergétique France Union européenne
ISBN / ISSN: 
979-10-373-0047-8