Rechercher sur Ifri.org

À propos de l'Ifri

Recherches fréquentes

Suggestions

France-Allemagne, 50 ans après le traité de l'Elysée – Le commerce international au XXIe siècle

Sommaires (présentation du numéro)
|
Date de publication
|
Image de couverture de la publication
Politique étrangère, vol. 77, n° 4, hiver 2012-2013
Accroche

Au 50e anniversaire de leurs relations spéciales, Paris et Berlin seraient-ils deux personnages en quête d’eux-mêmes ? Dire : Berlin, c’est déjà faire écho à une puissance retrouvée depuis 20 ans, d’abord dans l’ordre économique et, géopolitiquement, dans l’environnement européen. Au niveau le plus large de la politique étrangère, la nouvelle puissance semble moins assumée, alternativement réticente ou brouillonne : plus de paroles, plus de présence, plus d’interventions même, mais suivant des critères sinueux, mystérieux.

Corps analyses

L’Allemagne a aujourd’hui les apparences d’une puissance hybride. D’où une image complexe, d’abord en Europe. En matière économique, Berlin est à la fois la référence et la garantie. Mais l’affirmation de la puissance économique allemande fait souvent l’impasse sur sa dépendance vis-à-vis des autres, spécialement européens. L’Allemagne arbore fièrement les traits de père-la-rigueur, arc-bouté sur le règlement. Mais elle a aussi ses mollesses et accepte souvent, du bout des lèvres, les compromis hier bruyamment refusés. Et en politique étrangère, l’Allemagne semble nous considérer du haut d’une pensée postmoderne qui la dispense de se mesurer aux moyens concrets de l’action diplomatique ou militaire et du haut d’une vision européenne en réalité moins claire et moins ferme qu’elle ne le dit.

Quant à la France, elle apparaît à nombre d’Européens – et spécialement aux Allemands – comme quelque peu schizophrène. Au fond de l’impasse économique, coincée entre sa désindustrialisation et ses dépenses publiques et sans trêve à la poursuite de sa propre puissance diplomatique et militaire. Une puissance de l’entre-deux : entre la géographie économique du Nord de l’Europe et celle du Sud ; entre le monde d’hier et celui d’aujourd’hui, déjà dépassé par les perspectives de recomposition massive des rapports de puissance. La France serait ainsi « décalée », parce qu’elle ne se résoudrait pas à choisir une stratégie économique claire – quelle que soit la majorité au pouvoir ; parce qu’elle privilégierait une expression militaire de puissance avec des moyens déclinants ; parce qu’elle n’aurait pas de stratégie européenne – ce dont pourrait témoigner la dernière campagne présidentielle, tout comme l’absence de débat public dans le pays sur l’avenir du projet européen.

France et Allemagne suivent aujourd’hui, en matière économique ou diplomatique, des chemins qui tantôt divergent, tantôt se rapprochent ; les sociétés intègrent désormais l’amitié ordinaire qui les lie, sans guère s’occuper d’en ranimer la flamme ; et l’ennui cérémoniel remplace l’enthousiasme des premiers anniversaires. Bref, les signes d’amour ont remplacé l’amour, comme en témoigne ce numéro de Politique étrangère. Est-ce si grave ?

Il est remarquable que l’image du couple survive à l’ensemble des épreuves que lui ont imposées ces dernières années, que nul n’imagine, d’aucun côté du Rhin, sa disparition. Au-delà de nous, le besoin de « Françallemagne » perdure en Europe, même si le binôme ne peut s’affirmer comme hier : l’Union européenne (UE) s’est élargie, ouvrant le temps des alliances internes fluides. Mais la force de proposition et d’impulsion des deux capitales est toujours là. Elle peut demain prendre un nouveau visage, si les tensions politiques internes ne bloquent pas trop longtemps les choses et n’empêchent pas la convergence nécessaire des politiques économiques ; et si le débat permet d’ébaucher des visions articulables du futur européen. Ce qui n’adviendra que si chacun des deux partenaires fait évoluer ses positions et, plus profondément, sa propre culture. Les couples ne survivent que s’ils acceptent de changer.

***

Le commerce est un instrument de création, de configuration, de reconfiguration des mondes humains. Comment l’ignorer, après plusieurs décennies de cette nouvelle mondialisation ? De vastes horizons ont été brutalement ouverts par des révolutions techniques qui ont littéralement créé une nouvelle ère d’échanges de toute nature. Mais les moyens de comprendre ce monde neuf, au-delà du recensement des intérêts de chaque acteur, nous manquent encore, comme les moyens de le maîtriser.

8Le commerce, c’est l’échange technique des biens, mais aussi le consentement qui organise l’échange. Les types d’accords passés entre les grands acteurs, tout au long de l’Histoire, sont fondateurs de mondes, psychologiques, économiques et politiques. Et ils reflètent les visions des acteurs dominants d’un temps historique donné. Or l’étape actuelle de la mondialisation multiplie les acteurs pouvant peser sur le système, sans qu’aucune culture commune ne s’impose encore. D’où la complexité, la diversité des accords commerciaux et des logiques qui les déterminent. La création, l’ascension de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), son relatif retrait actuel au profit d’accords bilatéraux ou de partenariats régionaux reflètent sans doute les hésitations d’un système mondial à la recherche de sa logique de fonctionnement : c’est le multilatéralisme lui-même qui, depuis 20 ans, court après son assise, en matière de commerce comme dans d’autres domaines. […]

 

Decoration

Contenu aussi disponible en :

Régions et thématiques

ISBN / ISSN

978-2-36567-102-6

Partager

Téléchargez l'analyse complète

Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.

France-Allemagne, 50 ans après le traité de l'Elysée – Le commerce international au XXIe siècle

Image principale
Carte du monde avec graphique dans le concept futuriste
Initiative géoéconomie et géofinance
Accroche centre

Les questions économiques sont abordées sous un angle d’économie politique : évolution du système économique mondial, gouvernance et institutions, dynamiques et tendances des différentes zones économiques (États-Unis, Russie, Chine, pays émergents...). Les problèmes européens font l’objet d’une attention particulière.

Image principale

Multi-alignement et de-risking. Les réponses du Sud global à la fragmentation du monde

Date de publication
31 octobre 2024
Accroche

Les turbulences et les conflits menacent la stabilité de l’ordre mondial. Quelle est la réaction du Sud global face à ces risques ?

Image principale

Les ports allemands face à la Chine. Comment concilier ouverture, résilience et sécurité ?

Date de publication
29 avril 2024
Accroche

Tributaire de ses ports pour la bonne marche de son modèle économique ouvert, l’Allemagne a profité de la mondialisation au cours des dernières décennies, lorsque l’internationalisation de ses chaînes de valeur a renforcé sa compétitivité. Au regard du durcissement géopolitique, les vulnérabilités de la première puissance économique européenne se font jour.

Image principale

Farm Bill 2024 : les raisons du blocage de la loi agricole aux États-Unis

Date de publication
01 février 2024
Accroche

À rebours de l’image très libérale de l’économie américaine, le secteur agricole bénéficie aux États-Unis d’un interventionnisme fédéral solide depuis les années 1930. L’effondrement des prix agricoles à la suite de la crise de 1929 avait en effet plongé les farmers américains dans la misère et justifié le passage du Agriculture Adjustment Act dans le cadre du New Deal, dès mai 1933. Depuis, la loi agricole est renouvelée tous les cinq ans.

Image principale

Climat, finance, géopolitique. Les illusions des hommes, les défis de l'Europe

Date de publication
11 décembre 2023
Accroche

La combinaison de tensions géopolitiques, du dérèglement du climat et d’une finance occupant une part croissante dans l’économie nous entraîne sur des terrains inconnus. Jusqu’à une période récente, chacun de ces sujets était abordé séparément. Désormais, ils sont indissociables, à la fois par leur gravité mais aussi parce que tous trois révèlent l’ampleur des illusions des hommes. 

Comment citer cette étude ?

Image de couverture de la publication
Politique étrangère, vol. 77, n° 4, hiver 2012-2013
France-Allemagne, 50 ans après le traité de l'Elysée – Le commerce international au XXIe siècle, de L'Ifri par
Copier
Image de couverture de la publication
Politique étrangère, vol. 77, n° 4, hiver 2012-2013

France-Allemagne, 50 ans après le traité de l'Elysée – Le commerce international au XXIe siècle