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100 ans de Chine : de la révolte des Boxers au grand pas en avant vers l'intégration globale

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Page couverture PE n°3-4 2000
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1900, 2000 : deux dates clefs dans l’histoire de la Chine. 1900, c’est l’année de la révolte des Boxers et de la répression occidentale qui s’ensuit. 2000 voit au contraire la République populaire frapper à la porte de l’OMC et adopter une série de réformes économiques, juridiques et culturelles qui trouvent souvent leur inspiration en Occident. À bien des égards, pourtant, la Chine d’aujourd’hui a conservé la marque de celle de l’impératrice Cixi : le nationalisme chinois reste vif aussi bien dans les relations avec Taiwan que dans le reste de l’Asie ; et les élites comme la population restent partagées entre l’aspiration à la modernité et la peur de l’interdépendance induite par le processus mondial de globalisation. Mais l’avenir de la Chine est peut-être ailleurs : dans la participation à la constitution d’ensembles régionaux aux côtés de l’Europe ou de l’Amérique latine, plutôt que dans une course à la superpuissance avec les États-Unis qui semble déjà perdue.

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Archive de Politique étrangère
Corps analyses

1900-2000 : pour aucun autre pays que la Chine cet arbitraire rapprochement séculaire n'est-il aussi évocateur ni peut-être aussi trompeur. 1900, année de la révolte des Boxeurs puis du siège des Occidentaux dans leur quartier des légations de Pékin, se conclut par une expédition militaire suivie d'exactions et des plus lourdes sanctions jamais infligées à la Chine. Immortalisé, quoiqu'en sens contraire, dans la mémoire populaire chinoise et occidentale, l'événement est pourtant moins important que l'échec dramatique de la réforme de l'empire, lors des Cent Jours de 1898 : l'explosion de xénophobie officielle, qui donna aux Occidentaux l'occasion d'humilier et de mettre en coupe réglée la Chine, était elle-même la conséquence de l'écrasement intérieur des réformes entreprises sur le modèle occidental.


Un faux parallèle ?


Cette perspective chronologique s'inverse cent ans plus tard. 2000 est l'année du plus grand pas en avant accompli par la Chine vers son intégration globale. L'accord avec les grands partenaires occidentaux permet l'entrée à l'OMC, au prix d'un processus douloureux, pour la société chinoise, de réformes économiques, juridiques et culturelles : un traité international sert ainsi de levier à ceux des dirigeants chinois qui veulent poursuivre certaines réformes intérieures en soulignant leur inévitabilité à l'ère de l'économie globale. Et pourtant, cette décision collective et controversée en Chine même fait suite aux exhalaisons nationalistes de 1999 : contre les États-Unis, d'abord, après le bombardement accidentel de l'ambassade chinoise à Belgrade, et contre Taiwan, ensuite, après les propos du président taiwanais, Lee Teng-hui, sur l'existence de « relations spéciales d'État à État » de part et d'autre du détroit de Formose.


Ajoutera-t-on, pour l'anecdote, que la Chine de l'an 2000 est divisée par les agissements de la secte populaire du Falungong, à l'idéologie mi-bouddhiste, mi-obscurantiste, et que son gouvernement ne sait toujours pas quelle attitude adopter vis-à-vis des cultes autonomes du pouvoir temporel, comme le lamaïsme tibétain et le catholicisme ? À l'orée du XXIe siècle comme à celle du XXe, la Chine apparaît ainsi partagée entre une modernisation au prix de révisions internes difficiles et la tentation du sursaut national contre l'interdépendance. Certes, la politique étrangère chinoise, comme celle de tout État- nation, ne peut être dissociée de l'appréciation de ses grands intérêts, aujourd'hui géoéconomiques autant que géopolitiques. Mais, à la différence de nations modernes qui ont accepté l'interdépendance, la politique étrangère chinoise reste également subordonnée à un débat politique intérieur non seulement récurrent, mais aussi quasi obsidional, sur l'identité chinoise et sa survie. […]

 


PLAN DE L’ARTICLE

  • Un faux parallèle ?
  • Interdépendance, répulsion, fascination
  • Taiwan, un révélateur et l'occasion d'une mutation ?
  • Souveraineté ou intégration : l'aggiornamento

 


François Godement est professeur des universités à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) et chercheur associé à l’Ifri.

 

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100 ans de Chine : de la révolte des Boxers au grand pas en avant vers l'intégration globale

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Gros plan sur le monde asiatique
Centre Asie
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L’Asie est le théâtre d’enjeux multiples, économiques, politiques et de sécurité. Le Centre Asie de l'Ifri vise à éclairer ces réalités et aider à la prise de décision par des recherches approfondies et le développement d’une plateforme de dialogue permanent autour de ces enjeux.

Le Centre Asie structure sa recherche autour de deux grands axes : les relations des grandes puissances asiatiques avec le reste du monde et les dynamiques internes des économies et sociétés asiatiques. Les activités du Centre se concentrent sur la Chine, le Japon, l'Inde, Taïwan et l'Indo-Pacifique, mais couvrent également l'Asie du Sud-Est, la péninsule coréenne et l'Océanie.

Le Centre Asie entretient des relations institutionnelles suivies avec des instituts de recherche homologues en Europe et en Asie et ses chercheurs effectuent régulièrement des terrains dans la région.

Il organise à Paris tables-rondes fermées, séminaires d’experts, ainsi que divers événements publics, dont sa Conférence annuelle, avec la participation d’experts d’Asie, d’Europe ou des Etats-Unis. Les travaux des chercheurs du Centre et de leurs partenaires étrangers sont notamment publiés dans la collection électronique Asie.Visions.

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États-Unis/Taïwan : le temps de la confusion stratégique

Date de publication
08 octobre 2025
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En s’opposant à la volonté de la Chine d’annexer Taïwan, les États-Unis d’Amérique contribuent, depuis des décennies, au maintien du statu quo, toute tentative d’invasion chinoise entraînant, avec une potentielle intervention américaine, le risque d’une nouvelle guerre mondiale. Mais dans l’agitation suscitée par les conséquences internationales du retour au pouvoir de Donald Trump, une question sème le trouble dans les esprits : à l’égard de Taïwan, quelle sera l’attitude d’une administration dédaigneuse des alliés des États-Unis mais obsédée par la compétition avec la Chine ?

Charles-Emmanuel DETRY
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Le gouvernement NPP au Sri Lanka : d'un changement de système à une conformité structurelle

Date de publication
24 septembre 2025
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En septembre 2024, Anura Kumara Dissanayake, un outsider relatif dans le système politique sri-lankais dominé par deux partis, a remporté les élections présidentielles. Le mouvement populiste anti-establishment qu'il représentait, le National People's Power (NPP), a ensuite obtenu un mandat écrasant lors des élections générales de novembre 2024, remportant 159 sièges sur les 225 que compte le parlement. 

Harindra B. DASSANAYAKE Rajni GAMAGE
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Trump II et l'Asie : le vent se lève…

Date de publication
09 septembre 2025
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L'Indo-Pacifique est une priorité de l'administration Trump II, la Chine étant perçue comme le principal rival stratégique des États-Unis. Toutefois, Donald Trump a entamé son second mandat de manière déconcertante en durcissant les relations avec les partenaires traditionnels de Washington. Il a ensuite ouvert les hostilités avec Pékin, déclenchant une guerre commerciale plus intense encore que lors de son premier mandat. Les autorités chinoises n'entendent pas se laisser faire.

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Chine-Inde : un rapprochement sous contrainte

Date de publication
04 septembre 2025
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En marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, qui s’est déroulé du 31 août au 1er septembre, le Premier ministre indien Narendra Modi a rencontré le président chinois Xi Jinping. Cette deuxième rencontre en moins d’un an reflète la volonté des deux pays de renouer le dialogue après une longue période de tensions, consécutive aux affrontements frontaliers dans la vallée de Galwan en juin 2020. 

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100 ans de Chine : de la révolte des Boxers au grand pas en avant vers l'intégration globale