État d’urgence en Éthiopie : nouveau far East, vieux far West

Jusqu’à récemment, peu de regards s’étaient tournés vers la crise dans laquelle le régime éthiopien s’enfonce pourtant depuis plus de deux ans. Les rares projecteurs braqués sur cet État ont loué ses performances économiques, le qualifiant de nouveau « far East » ou de « lion africain ». Les violences et les emprisonnements visant activistes, journalistes et bon nombre de citoyens sont quant à eux restés dans l’ombre.

Pudiquement ou fermement, les partenaires extérieurs du gouvernement éthiopien ont continué à soutenir le régime, bien que l’ouverture à la démocratisation, promise par le Front Démocratique Révolutionnaire des Peuples Éthiopiens (EPRDF) depuis son arrivée au pouvoir en 1991, soit restée purement rhétorique.
L’EPRDF avait d’ailleurs de bonnes raisons de se croire intouchable : le developmental state commençait à porter ses fruits et l’Éthiopie devenait un immense marché potentiel. Le pays s’est aussi imposé comme un partenaire sécuritaire indispensable dans la région et au-delà, désormais premier contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix ONU/UA. Un engagement qui justifiait son entrée au Conseil de Sécurité de l’ONU en tant que membre non-permanent en juin 2016, alors même que l’appareil sécuritaire éthiopien tournait à plein régime : plusieurs centaines de morts dans les manifestations en région Oromo étaient déjà à déplorer. Notons également que le Conseil de Sécurité accueillait un gouvernement qui refuse d’appliquer depuis 2002 la décision rendue par la Commission frontalière indépendante mandatée par l’ONU relative au tracé de la frontière éthio-érythréenne.
Mais les événements sanglants qui se succèdent depuis plusieurs mois ont levé le voile et laissé paraître l’envers du décor : punitions arbitraires, manifestations dispersées violemment, destructions de commerces par des groupes armés et organisés. La situation a fini par complètement dégénérer. L’état d’urgence est proclamé le 9 octobre 2016 par le Premier ministre Hailemariam Dessalegn, pour une durée initiale de six mois.
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