L’eau au Mexique : une urgence, qui attendra
L’accès à l’eau est déjà et va devenir de plus en plus problématique pour les acteurs économiques mexicains, en raison de la raréfaction progressive de la ressource résultant du changement climatique, d’une répartition géographique qui ne coïncide ni avec celle de la population, ni avec celle de l’activité économique, et d’une gestion jusqu’ici bien trop laxiste.
Même l’approvisionnement des villes pour la consommation humaine est menacé, comme l’ont déjà montré des pénuries à Monterrey, à Mexico passé très près d’un rationnement sévère en juin 2024, et à Tijuana très récemment. Un risque de conflit sur l’eau existe enfin avec les États-Unis, le Mexique ne respectant plus l’accord de 1944 sur le partage des eaux des fleuves communs, conflit dont la résolution pourrait s’avérer pénible dans le contexte politique actuel.
Trois composantes semblent indispensables pour une gestion plus soutenable de la ressource en eau :
- Une remise en cause globale du système de « concessions » (au Mexique il s’agit de droits de prélèvement) : le régime actuel a en effet conduit à une privatisation de fait de ce qui est supposé être une « propriété de la nation », via l’octroi de privilèges à des acteurs disposant de relais politiques ou de poids économique. Il est non seulement générateur de gaspillage, mais aussi devenu un frein au développement industriel du pays.
- Une tarification réaliste et générale de l’eau : ces tarifs doivent rester déterminés au niveau local, en raison de la diversité des situations en termes de ressources disponibles, mais une certaine cohérence est nécessaire à l’échelle du pays. Surtout, l’introduction d’une tarification progressive pour les usages agricoles inciterait à une plus grande efficience dans l’usage. Enfin, le prix de l’eau consommée par la population et par l’agriculture doit être effectivement perçu.
- Une régulation renforcée : un régulateur national devrait être chargé de la mise en œuvre de ces deux éléments de réforme. Ce régulateur ne peut être que la Commission nationale de l’eau (Conagua) qui devra être renforcée, y compris budgétairement.
De puissants groupes d’intérêts politiques et économiques, dont celui de l’agriculture, qui absorbe presque gratuitement 75 % de la ressource prélevée (et jusqu’à 95 % dans certains états), sont favorables au statu quo. Les secteurs industriels et des services, pour qui la rareté de la ressource est déjà une contrainte, sont plus partagés, entre ceux ayant assuré la satisfaction de leurs besoins par l’obtention de concessions (parfois détournées de leur objet) et ceux pour qui les difficultés d’accès sont un obstacle sérieux, parfois insurmontable, à leur développement ou au lancement de leurs opérations. La présidente Sheinbaum et son gouvernement manifestent incontestablement plus d’intérêt pour la question de l’eau que leurs prédécesseurs, mais nous estimons que les résistances au changement sont telles que seule une crise aiguë et durable pourra déclencher une véritable réforme.
Même si une telle réforme était mise en œuvre, le rôle du secteur privé restera confiné aux marges du secteur, dans la construction d’infrastructures (réseau, dessalement, traitement des eaux) et les services (efficience, réutilisation…) à l’industrie, au commerce et au tourisme. En particulier, l’approvisionnement de la population restera, sauf exception, un monopole public.
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