Milices, exactions, « fragmentation du pays » : que se passe-t-il au Soudan ?
La prise de la ville d’el-Facher par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dimanche, est un tournant dans la guerre qui ravage le Soudan depuis plus de deux ans. Le pays est divisé et les experts alertent sur un nettoyage ethnique. On fait le point sur la situation avec Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Ifri.
 
 
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El-Fasher était devenue le front le plus disputé de la guerre. « C’est une ville stratégiquement importante car elle était la seule ville du Darfour échappant aux FSR. Elle constituait le point de fixation stratégique de l’armée soudanaise au Darfour » , explique Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri. Sa chute est un grand revers stratégique pour l’armée qui espérait repartir à la conquête du Darfour.
Deux belligérants
Au Soudan, deux factions militaires rivales se déchirent depuis le 15 avril 2023, « pour savoir qui dirigera le Soudan » , précise Thierry Vircoulon.
D’un côté, les Forces armées soudanaises (SAF), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, de facto au pouvoir après un putsch en 2021. De l’autre les Forces de soutien rapide (RSF) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti » .
Les FSR sont issues des milices arabes Janjawid, initialement créées pour combattre les groupes rebelles. Leurs attaques passées -massacres, viols, incendies de villages- ont fait environ 300 000 morts au Darfour et quelque 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU.
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"Partition" du Soudan
Les FSR ont installé une administration parallèle au Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan, aussi vaste que la France. L'armée occupe, elle, le nord, l'est et le centre du pays. « On est dans une dynamique de partition du Soudan », note Thierry Vircoulon. En 2011, le Soudan du Sud a fait sécession.
Le chercheur pointe le risque d’un scénario Libyen : un pays fragmenté, en proie aux appétits rivaux des pays voisins.
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Milices
Aux deux principaux belligérants s’ajoutent de nombreuses milices. « Depuis le début du conflit, chaque camp mène une politique d’alliances avec des milices locales et a créé sa coalition guerrière afin de contrôler le maximum d’États », explique Thierry Vircoulon.
Ce phénomène milicien contribue à fragmenter davantage le pays et exacerbe les tensions intercommunautaires.
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Gouvernement civil de transition
La perte d'El-Facher montre que « la voie politique est la seule option pour mettre fin à la guerre », a déclaré le conseiller présidentiel émirati Anwar Gargash, en appelant à la ratification du plan du groupe dit du "Quad" (Etats-Unis, Arabie saoudite, Egypte et Emirats). Ce plan prévoit la formation d'un gouvernement civil de transition en y excluant le gouvernement pro-armée actuel et les FSR.
Mais les pourparlers restent dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.
« Aucun des deux belligérants n’a l’intention d’arrêter la guerre », observe Thierry Vircoulon, « le scénario le plus probable est celui d'une partition du pays. Chaque faction aura son propre Soudan ».
 
> Lire l'article dans son intégralité sur le site de Brut.
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