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1914-2014 : nation et nationalisme

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Couv Politique étrangère 1-2014
Accroche

Les mobilisations de la Grande Guerre poussent leurs racines dans des imaginaires nationaux façonnés par le xixe siècle dans les pays d’Europe. Le double traumatisme des guerres mondiales engendre le déclin des nationalismes et la mise en place de nouvelles logiques de reconstruction des sociétés. La mondialisation remet encore en cause l’étroit cadre national, mais la crise actuelle de l’Union européenne montre que la démocratie a quelque mal à s’émanciper du cadre de la nation.

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Archive de Politique étrangère
Corps analyses

La tragédie de la Première Guerre mondiale est restée une énigme. On connaît tout de ses origines, ou presque. Cependant, la monstruosité des pertes en vies humaines qu’elle a engendrées dès les premières batailles, puis l’endurance des soldats et des civils aux années de souffrance et de deuil restent aujourd’hui encore incompréhensibles. Il n’est en tout cas pas facile de reconstruire l’univers mental des protagonistes de cette longue et abominable épreuve.


Les premiers mouvements de mobilisation de la guerre ont suscité de part et d’autre de grandes espérances collectives. Les témoignages de cette réalité sont concordants et innombrables : la presse, la littérature, les journaux intimes et les images de ces journées d’union nationale reflètent une espèce d’euphorie collective, élites et masses donnant l’impression de vivre une expérience communautaire quasiment mystique. On doit lire Stefan Zweig à cet égard, qui évoque « cet enthousiasme subit », après les craintes initiales d’une guerre que personne n’avait voulue. « Des cortèges se formaient dans les rues, partout s’agitaient des drapeaux, des rubans, des musiques retentissantes, les jeunes recrues défilaient triomphalement, le visage illuminé parce qu’on les acclamait, eux les petites gens de la vie quotidienne que personne n’avait jamais remarqué ni fêtés. » On sait que ce témoignage viennois est également éclairant pour Berlin et Paris.


Or après quelques semaines de guerre, à la fin de 1914, 300 000 Français étaient morts au front et 600 000 avaient été blessés. Le nombre des soldats allemands tombés au front était encore plus important. À Verdun, du 21 février 1916 au mois de décembre 1916, il y a un mort toutes les minutes du jour et de la nuit. L’offensive du Chemin des Dames, engagée par le général Nivelle le 16 avril 1917, entraîne la mort de 40 000 hommes en trois jours, du seul côté français. Cette bataille semble alors perdue, mais Nivelle s’obstine, et dans les semaines qui suivent quelque 150 000 hommes sont mis hors de combat par les mitrailleuses et les canons allemands. Ces carnages absurdes suscitent des mutineries.


Ils ne diminuent pas pour autant les ferveurs nationalistes de l’arrière. Dans L’Illustration du 28 avril 1917, Henri Lavedan écrit : « L’offensive, pour le soldat, c’est une période sublime de la guerre dans la guerre, une grande manœuvre, solennelle et sacrée entre toutes, pendant laquelle, plus encore que d’habitude, il cesse de s’appartenir et se livre tout entier. […]


PLAN DE L’ARTICLE

  • Le nationalisme, creuset de la Grande Guerre
  • Les après-coup du traumatisme
  • L’obsolescence de l’État-nation
  • Le déclin des solidarités nationales et la crise de l’Union européenne
  • La démocratie peut s’émanciper de la nation

 

Pierre de Senarclens est professeur honoraire de relations internationales à l’université de Lausanne.


Article publié dans Politique étrangère, vol. 79, n° 1, printemps 2014

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1914-2014 : nation et nationalisme

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Les Afriques en 2029

Date de publication
29 mars 2019
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De réels progrès dans la diversification de certaines économies, ainsi qu’une réhabilitation des actions publiques en la matière, ont modifié, depuis les années 2000, les conditions générales de développement du continent. En matière politique, et au-delà des exigences de démocratie électorale formelle, trop souvent détournées, c’est une véritable reconstruction des États qui s’avère nécessaire, pour intégrer les régions marginalisées, et développer la coopération régionale et continentale.

Alioune SALL

Les fonds souverains du Golfe, acteurs majeurs de la finance mondiale

Date de publication
02 décembre 2025
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La mission principale d'un fonds souverain est de constituer une épargne nationale à long terme destinée aux générations futures, en diversifiant ses investissements sur les plans sectoriel et géographique. Dans cette logique, les pays du Golfe ont alimenté pendant de nombreuses années leurs fonds souverains grâce aux gigantesques rentes pétrolières, notamment lorsque les cours du brut étaient au plus haut, atteignant un record historique de 143 dollars le baril en 2008.


Lors de la crise financière de 2007-2008, leur intervention a été déterminante dans le sauvetage du système financier, avec l'injection de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le capital des institutions financières. Depuis, ils n'ont cessé de gagner en crédibilité, en sophistication et en technicité. Ainsi sont-ils à la pointe en matière d'investissement dans l'Intelligence artificielle (IA) et la transition énergétique. De nouvelles orientations dans leurs stratégies d'investissement peuvent avoir des répercussions majeures sur l'écosystème financier mondial.

Aujourd'hui, les fonds souverains du Golfe sont devenus de véritables titans de la finance. Leur influence grandissante reflète un poids financier colossal et une montée en puissance aussi fulgurante que structurée. Voici dix ans, ils contrôlaient collectivement environ 2 000 milliards de dollars d'actifs sous gestion (assets under management, AUM). En 2025, ce montant a plus que doublé pour atteindre plus de 5 350 milliards de dollars, soit près de 40 % des AUM des fonds souverains dans le monde, estimés à 13 000 milliards de dollars. Le golfe Arabo-Persique est ainsi devenu le centre de gravité mondial des fonds souverains.

 

François-Aïssa Touazi est senior managing director chez Ardian, leader européen du capital-investissement, en charge des relations investisseurs et des affaires publiques. Il est aussi vice-président des conseils France-pays du Golfe au Medef International et préside la task force sur les fonds souverains.

 

Article publié dans Politique étrangère, vol. 90, n° 4, 2025.

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L’Europe dans dix ans

Date de publication
29 mars 2019
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En dix ans, la construction européenne a subi plusieurs chocs, qui ont remis en cause le narratif historique sur lequel elle s’est élevée, et plus profondément les politiques suivies, ainsi que l’adhésion des peuples. Le risque – réel – de désintégration ne pourra être évité que si les membres de l’Union acceptent une véritable refondation de la construction européenne, basée sur l’idée de « civiliser la mondialisation », et adoptant les politiques de solidarité correspondantes.

Nicole GNESOTTO
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Quand la technologie façonne le monde...

Date de publication
29 mars 2019
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Les nouvelles technologies – en particulier dans le cyberespace – ont un fort impact sur les relations internationales et la conflictualité. Les acteurs malveillants – que ce soit des États ou des acteurs non étatiques – développent des opérations d’influence sophistiquées. Ils tendent à coordonner de plus en plus finement leurs actions physiques et cyber. Les stratégies de sécurité des États occidentaux doivent évoluer en conséquence et cesser de fonctionner en silo.

Jared COHEN

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1914-2014 : nation et nationalisme