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L'héritage de la Grande Guerre : États souverains, mondialisation et régionalisme

Politique étrangère Articles
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Couv Politique étrangère 1-2014
Accroche

La Grande Guerre modèle nombre de pratiques et de normes du xxe siècle. La prééminence économique et sociale de l’État s’y confirme, comme la montée de valeurs nouvelles : l’universalité des Droits de l’homme, la construction collective d’une sécurité jusqu’ici dépendante d’alliances bilatérales, l’élaboration de normes juridiques universelles... La Grande Guerre nous lègue à la fois un État-nation réaffirmé et la possibilité de son dépassement dans l’organisation régionale et internationale.

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Archive de Politique étrangère
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La Grande Guerre a été la matrice du XXe siècle et nombre de ses effets à long terme perdurent, pour le meilleur comme pour le pire. Elle a produit une nouvelle vision de la guerre : la quantité des morts est devenue qualité, correspondant à une nouvelle forme de guerre, la guerre totale. En retour, l’horreur du conflit a suscité la première remise en cause, sur une grande échelle, de la légitimité même de la guerre. Elle a profondément modifié les équilibres en Europe et dans le monde et bouleversé l’économie, comme les relations entre les États et leurs citoyens. Elle a engendré aussi une crise morale et la remise en cause de bien des valeurs et de bien des paradigmes. Elle a beaucoup contribué à l’apparition des deux grands totalitarismes, le national-socialisme allemand et le communisme soviétique. Si ces derniers ont disparu, leurs conséquences perdurent.
 

En même temps, car en histoire les évolutions s’entremêlent toujours – « mixta permixta », disait saint Augustin –, la guerre de 1914-1918 a permis ou accéléré de nouveaux développements, toujours actuels : le début d’une nouvelle organisation internationale, une nouvelle compréhension de l’État-nation, de nouveaux paradigmes économiques et sociaux, l’ébauche d’un nouveau droit des gens.
 

Son héritage est donc profondément contradictoire, et cette contradiction détermine largement les paramètres du monde de 2014. D’une part, la Première Guerre mondiale a accéléré un mouvement de mondialisation évident depuis le milieu du XIXe siècle, en y impliquant la plupart des peuples, y compris ceux qui se trouvaient sous la domination coloniale de l’Europe, pesant ainsi sur l’ensemble de l’économie mondiale, suscitant les premiers essais d’organisation internationale, multipliant la force des courants politiques, moraux et culturels internationalistes, posant les premières bases d’un droit des gens nouveau fondé sur des valeurs universelles et commençant le mouvement de judiciarisation de la vie internationale. En revanche, elle a généralisé la formule d’organisation des États-nations souverains, jusque-là réservée à certains États européens. […]
 


PLAN DE L’ARTICLE

  • L’Etat Moloch
  • Une étape vers la démocratie et le Welfare State
  • La guerre délégitimée, le mercantilisme rejeté
  • La montée des valeurs, l’affirmation universelle des Droits de l’homme
  • Une nouvelle organisation des relations internationales : la Grande Guerre développe et structure la mondialisation
  • Entre réalisme et normes juridiques universelles
  • 1914-2014 : triomphe de l’Etat-nation démocratique et survie du système westphalien
  • La progression discrète du régionalisme depuis 1914
  • Les contradictions du siècle écoulé sont toujours actuelles

 

Georges-Henri Soutou, historien, membre de l’Institut, est professeur émérite à la Sorbonne.
 

Article publié dans Politique étrangère, vol. 79, n° 1, printemps 2014

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L'héritage de la Grande Guerre : États souverains, mondialisation et régionalisme

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La nouvelle stature diplomatique des pays du Golfe

Date de publication
02 décembre 2025
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Le poids politique et économique des monarchies du Golfe s’est considérablement renforcé. Ces pays ont diversifié leurs économies et sont devenus des hubs logistiques, attirant de nombreux investisseurs. Ils ont aussi réussi à projeter leur puissance au-delà de leurs frontières. Toutefois, l’extension régionale de la guerre ouverte par le Hamas le 7 octobre 2023 fait planer le doute sur la stabilité de cette zone, d’autant que le parapluie sécuritaire américain ne paraît plus assuré.

Camille LONS
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Une alliance bien vivante et qui s'adapte

Date de publication
01 décembre 2009
Accroche

Née d’une volonté de défense contre l’Union soviétique, l’Alliance a été réinventée à la fin de la guerre froide. Elle est engagée partout où les intérêts des Alliés sont menacés, et il n’existe pas aujourd’hui d’autre option de sécurité crédible pour ses membres. Mais l’Alliance doit savoir évoluer, s’adapter à de nouveaux défis, politiques et économiques, et ajuster ses modes de fonctionnement à la multiplication de ses membres.

George ROBERTSON, LORD ROBERTSON of PORT ELLEN
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L'OTAN : de Washington (1949) à Strasbourg-Kehl (2009)

Date de publication
01 décembre 2009
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On peut tenter de cerner l’histoire de l’Alliance en en repérant trois phases. La première est constituée par les quatre décennies de la guerre froide. Puis l’Alliance revêt le rôle d’accoucheur du changement politique en Europe. Dans l’après-11 septembre, le débat rebondit sur les défis de sécurité internationale et le rôle de l’Alliance. Il est aujourd’hui encore ouvert sur des questions fondamentales : entre autres la nécessaire redéfinition de ses missions, et des moyens correspondants.

Karl-Heinz KAMP
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Un programme pour l'OTAN : vers un réseau de sécurité mondiale

Date de publication
01 décembre 2009
Accroche

Le succès historique de l’Alliance est d’avoir unifié l’Occident face à la menace soviétique ; puis d’avoir, après la guerre froide, réussi à élargir cet Occident. L’Alliance doit pourtant aujourd’hui s’adapter à un monde nouveau marqué par l’éveil chaotique des peuples. Sa crédibilité dépend de la négociation d’une sortie politique de l’engagement en Afghanistan. À plus long terme, l’OTAN doit se penser comme centre d’un réseau d’organisations de sécurité à l’échelle du monde.

Zbigniew BRZEZINSKI

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