Hong Kong : le mouvement de protestation de 2019 et l'avenir du statut d'autonomie

Le mouvement de protestation hongkongais de l’été 2019, déclenché par un projet de loi d’extradition qui aurait fortement dilué la frontière juridique entre Hong Kong et la Chine continentale, s’est distingué par une mobilisation exceptionnelle, dans une ville qui a pourtant connu de nombreuses manifestations ces dernières années. Les manifestants, qui ont déployé des stratégies originales (organisation en ligne, absence de leaders, mise en œuvre d’outils numériques), ont remporté un premier succès avec la suspension du projet de loi en juin. Mais même après son retrait définitif en septembre, des manifestations massives ainsi que des actes de violence croissants ont continué à agiter le territoire. Les revendications portent désormais sur une enquête indépendante sur les violences policières et sur la relance de réformes démocratiques.

Cette résilience du mouvement et de son soutien dans l’opinion publique s’explique d’abord par un ressentiment accumulé au sein d’une grande partie de la population, provoqué par des entorses croissantes aux principes d’autonomie fixés dans les textes officiels régissant la rétrocession de Hong Kong à la Chine. La seconde raison de la pérennité du mouvement est la dynamique propre qui a résulté de l’approche presque exclusivement répressive adoptée par les autorités locales et nationales, et de l’autonomisation apparente de la police par rapport au pouvoir politique local. L’implication du Congrès américain, dans le contexte de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, a introduit un degré de complication supplémentaire dans l’équation.
Le fort sentiment d’identité civique qui s’est développé à Hong Kong depuis la rétrocession (même s’il ne se traduit par pour l’instant dans une revendication politique d’indépendance) vient se heurter au refus des autorités de poursuivre l’évolution démocratique prévue dans la Loi fondamentale. S’est ainsi instauré un équilibre instable entre des institutions non démocratiques et une mobilisation de la société toujours croissante qui sert de contre-pouvoir pour protéger le « haut degré d’autonomie » dont jouit constitutionnellement le territoire. Il est difficile pour l’instant de prévoir comment cet équilibre pourra survivre au choc provoqué par les manifestations de 2019 et aux éventuelles représailles que ne manquera pas de mettre en place le pouvoir central.
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