Logiques et perspectives du partenariat russo-chinois

Les présidents russe et chinois se sont récemment rencontrés à Moscou. En dépit des sanctions politiques et économiques décidées par l’Occident à l’encontre de la Russie, Pékin ne renonce pas à son partenariat avec Moscou. La Chine semble au contraire confirmer son soutien à la Russie et à Vladimir Poutine, contre qui la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt, transformant un peu plus la Russie en État paria. Jusqu’où « l’amitié sans limites » proclamée dans une déclaration conjointe avant l’invasion de l’Ukraine peut-elle aller ?

Pékin et Moscou ont une histoire, une géographie et des modèles socio-économiques différents. Leurs intérêts divergent et leur rivalité, active à l’époque soviétique, pourrait sembler naturelle à bien des égards. La Russie a les yeux rivés sur l’Europe depuis des siècles, et a plutôt utilisé la Chine comme un levier pour peser face à l’Occident. Depuis plusieurs années cependant, Moscou voit Pékin comme un atout de poids dans sa tentative assumée de détruire l’architecture de sécurité européenne, de déconnecter l’Europe des États-Unis, et de modifier le prétendu ordre mondial unipolaire. Plus qu’à une affaire de rapport de force, le rapprochement entre Moscou et Pékin tient à des logiques communes qui poussent les deux capitales à contester, et même à s’opposer à l’Occident en général et aux États-Unis en particulier…
Dimitri Minic est chercheur au centre Russie/Eurasie de l'Ifri.
Article publié dans RAMSES 2024, Paris, Dunod/Ifri, septembre 2023
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