Réorganisation des chaînes de valeur : le cas de la Corée du Sud

En dépit des nombreuses discussions sur la réorganisation des chaînes de valeur et sur une éventuelle « désinisation » industrielle (due au découplage avec la Chine), la réalité de terrain offre une image bien différente comme le montre l’exemple de la Corée du Sud.

Les entreprises coréennes continuent d’accroître leurs investissements dans les pays voisins comme la Chine ou l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) sans que l’on observe de changement majeur au cours des deux dernières décennies. La décision de s’implanter dans un pays plutôt qu’un autre obéit toujours prioritairement à une logique économique même si les préoccupations de sécurité sont désormais prises en compte.
De même, bien que le souci de “relocaliser” (reshoring) figure depuis longtemps sur la liste des priorités du gouvernement coréen, les cas de relocalisation demeurent rares en dépit des nombreuses incitations offertes aux entreprises coréennes.
Plutôt que de se relocaliser en Corée ou dans des pays proches, les entreprises sud-coréennes ont opté pour des stratégies plus surprenantes en s’engageant par exemple dans des partenariats fondés sur les complémentarités ou en s’associant avec des fournisseurs de produits de base au sein de réseaux de production verticalement intégrés, comme pour la production des aimants à base de terres rares. Il y a fort à parier que de telles stratégies, qui associent préoccupations économiques et de sécurité, se généraliseront à l’avenir.
En raison de la nature éminemment politique des technologies qu’elle utilise, l’industrie des semi-conducteurs est probablement celle qui connaîtra les bouleversements les plus importants. Sur fond de rivalité sino-américaine croissante, les Etats-Unis ont intensifié leurs pressions sur la Chine, conduisant les entreprises sud-coréennes (avec le soutien des pouvoirs publics) à combiner délocalisations aux Etats-Unis et relocalisations en Corée.
Même si la logique économique continuera d’orienter les décisions des entreprises dans la plupart des secteurs, limitant de fait la réorganisation des chaînes de valeur, notamment hors de Chine, les exemples des semi-conducteurs et des aimants à base de terres rares suggèrent que d’importants changements devraient toutefois intervenir dans des industries perçues comme stratégiques.
Ce contenu est disponible uniquement en anglais : Reshuffling Values Chains: South Korea as a Case Study
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