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Le commerce international est-il un facteur de paix ?

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Couv Politique étrangère 1-2014
Accroche

La théorie du « doux commerce » de Montesquieu n’a cessé d’être débattue. Ses plus virulents opposants ont été les marxistes, pour qui les échanges commerciaux entre économies capitalistes procèdent de l’exploitation du prolétariat et conduisent à l’impérialisme et à la guerre. La chute du bloc communiste n’a pas clos la controverse. Aujourd’hui, certains économistes affirment que l’interdépendance est un facteur de stabilité, tandis que d’autres soutiennent qu’elle favorise la montée des tensions.

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Archive de Politique étrangère
Corps analyses

La guerre a été conçue comme un mode naturel d’acquisition des richesses. La prédation, notamment par des moyens militaires ou de coercition, a toujours été un moyen privilégié pour s’enrichir, nullement contesté par les pères de l’Église ou les philosophes de l’Antiquité. Avec les mercantilistes, la puissance du prince devint l’objectif prioritaire de l’économie nationale. La politique extérieure visait alors à dominer, à coloniser, à asservir et à s’approprier les richesses des autres peuples. Colbert visait l’autarcie pour tous les produits stratégiques et il prônait une forme d’échange inégal. Dans ce contexte, la paix n’était pas considérée, en soi, comme un objectif. Pendant la guerre de Sécession, Lincoln a défendu les intérêts de la puissance industrielle et financière du Nord-Est protectionniste contre le Sud producteur agricole, favorable au libre-échange. Pour autant, cette guerre fut à l’origine du formidable développement industriel des États-Unis. La sécurité nationale impliquait alors des dépenses considérables de préparation au conflit armé, ce qui favorisa le développement des forces productives et la réalisation de la révolution industrielle. Un exemple qui témoigne de l’ambiguïté des relations entre l’économie et la guerre.


À la suite de Montesquieu, Adam Smith se proposa de démontrer qu’une économie de marché libre, fondée sur l’intérêt individuel, conduisait à terme à l’essor du commerce international (théorie des avantages absolus) et à la paix universelle. Cependant, plusieurs clauses devaient être respectées, souvent oubliées par ses épigones. D’abord, la sécurité nationale est une condition essentielle au bon fonctionnement du libre-échange. Ensuite, le bellicisme d’un État peut perdurer du fait d’un détournement de l’appareil étatique au profit d’intérêts particuliers. Enfin, au nom de la liberté du commerce, il faut supprimer la colonisation, l’esclavage mais aussi la libre circulation des capitaux.


La théorie libérale va alors glorifier une production industrielle impliquant un échange commercial international qui rend les guerres trop coûteuses pour toutes les parties au regard des avantages obtenus. Pour Jean-Baptiste Say, la connaissance des lois du marché devrait permettre à l’humanité de s’inscrire durablement dans la paix libérale. […]

 


PLAN DE L’ARTICLE

  • La crise du commerce international d’après-guerre
  • Le commerce international entre renouveau et instrument de puissance
    - Les effets contrastés du commerce international sur la paix
    - Le fonctionnement « voilé » d’une économie de marché « contrôlée »
  • Le commerce international et la fin interminable de l’histoire
    - La prééminence des stratégies économiques
    - Le commerce international, arme de puissance
    - Le commerce international favorise la démocratie libérale et donc la paix

 

Jacques Fontanel est professeur d’économie à l’université Pierre Mendès France de Grenoble.

 

Article publié dans Politique étrangère, vol. 79, n° 1, printemps 2014

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2029, la grande renaissance asiatique

Date de publication
29 mars 2019
Accroche

Les Asiatiques ont été dominés et parfois humiliés par les Occidentaux au cours des deux derniers siècles. Ils abordent aujourd’hui l’avenir avec confiance. En 2050, les deux premières puissances mondiales devraient être la Chine et l’Inde. La grande renaissance asiatique engendrera des bouleversements géopolitiques. Les tensions sino-américaines sont déjà visibles et des conflits pourraient émerger entre puissances asiatiques. Toutefois, le choc des civilisations n’est pas inévitable.

Kishore MAHBUBANI
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Le Moyen-Orient en 2029

Date de publication
29 mars 2019
Accroche

Les guerres qui ravagent aujourd’hui le Moyen-Orient n’ont pas vocation à se poursuivre éternellement et la région n’est pas vouée à être dirigée par des autocrates. Une transition vers un ordre plus juste pour les populations est possible mais elle prendra du temps. Il est peu probable qu’elle advienne d’ici 2029. Les progrès viendront graduellement, poussés par la société civile. De nouvelles révolutions sont possibles mais il n’est pas sûr qu’elles produisent davantage de démocratie.

Fawaz A. GERGES
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Les Afriques en 2029

Date de publication
29 mars 2019
Accroche

De réels progrès dans la diversification de certaines économies, ainsi qu’une réhabilitation des actions publiques en la matière, ont modifié, depuis les années 2000, les conditions générales de développement du continent. En matière politique, et au-delà des exigences de démocratie électorale formelle, trop souvent détournées, c’est une véritable reconstruction des États qui s’avère nécessaire, pour intégrer les régions marginalisées, et développer la coopération régionale et continentale.

Alioune SALL

Les fonds souverains du Golfe, acteurs majeurs de la finance mondiale

Date de publication
02 décembre 2025
Accroche

La mission principale d'un fonds souverain est de constituer une épargne nationale à long terme destinée aux générations futures, en diversifiant ses investissements sur les plans sectoriel et géographique. Dans cette logique, les pays du Golfe ont alimenté pendant de nombreuses années leurs fonds souverains grâce aux gigantesques rentes pétrolières, notamment lorsque les cours du brut étaient au plus haut, atteignant un record historique de 143 dollars le baril en 2008.


Lors de la crise financière de 2007-2008, leur intervention a été déterminante dans le sauvetage du système financier, avec l'injection de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le capital des institutions financières. Depuis, ils n'ont cessé de gagner en crédibilité, en sophistication et en technicité. Ainsi sont-ils à la pointe en matière d'investissement dans l'Intelligence artificielle (IA) et la transition énergétique. De nouvelles orientations dans leurs stratégies d'investissement peuvent avoir des répercussions majeures sur l'écosystème financier mondial.

Aujourd'hui, les fonds souverains du Golfe sont devenus de véritables titans de la finance. Leur influence grandissante reflète un poids financier colossal et une montée en puissance aussi fulgurante que structurée. Voici dix ans, ils contrôlaient collectivement environ 2 000 milliards de dollars d'actifs sous gestion (assets under management, AUM). En 2025, ce montant a plus que doublé pour atteindre plus de 5 350 milliards de dollars, soit près de 40 % des AUM des fonds souverains dans le monde, estimés à 13 000 milliards de dollars. Le golfe Arabo-Persique est ainsi devenu le centre de gravité mondial des fonds souverains.

 

François-Aïssa Touazi est senior managing director chez Ardian, leader européen du capital-investissement, en charge des relations investisseurs et des affaires publiques. Il est aussi vice-président des conseils France-pays du Golfe au Medef International et préside la task force sur les fonds souverains.

 

Article publié dans Politique étrangère, vol. 90, n° 4, 2025.

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Couv Politique étrangère 1-2014
Le commerce international est-il un facteur de paix ?, de L'Ifri par
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Couv Politique étrangère 1-2014

Le commerce international est-il un facteur de paix ?