Depuis 2015, les programmes de réinstallation des réfugiés ont connu une progression importante en Europe au point de devenir un élément central de la stratégie européenne d'asile. En 2017, le président de la République a pris l'engagement de réinstaller 10000 réfugiés en France d'ici la fin...

Observatoire de l'immigration et de l'asile

Le paysage français de l’asile et de l’immigration doit être considéré à la lumière des mouvements migratoires mixtes à l’échelle mondiale ainsi que des politiques européennes d’immigration et d’intégration. Pour aborder ces questions, l’Ifri a créé l’Observatoire de l’immigration et de l’asile.
Ce programme conçu pour une durée de trois ans offre un espace de débat et de réflexion aux divers acteurs de l’asile et de l’immigration en France et en Europe. En analysant les diverses actions des acteurs publics et privés et des organisations de la société civile, l’Observatoire a pour but de renforcer la coordination et la complémentarité des actions répondant aux besoins des réfugiés et des migrants, de promouvoir des solutions innovantes, et d’être un espace de production et de diffusion de la recherche sur l’immigration et l’asile.
Chercheur (HDR) et directeur du Centre migrations et citoyennetés de l'Ifri
Chercheur au Centre migrations et citoyennetés de l'Ifri
Le « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » a été adopté à Marrakech les 10 et 11 décembre 2018, à l’issue de 18 mois de consultations et de négociations.
Le 12 juillet 2017, le Premier ministre a présenté le plan d’action du gouvernement sur l’asile et l’immigration. Ce plan a fait l’objet de nombreuses critiques alors même que la situation sur le terrain est à nouveau extrêmement difficile depuis le début du printemps.
L’accueil des demandeurs d’asile : une politique de gestion des flux Revue Projet, n° 358, juin 2017
Face à une multiplication de dispositifs à destination des exilés, sommes-nous réellement passés d'une gestion administrative à un accueil plus humain ? Rien n'est moins sûr.
À la différence d’autres sociétés d’immigration comme les États-Unis, le Canada ou l’Australie, l’Europe n’a pas fait des migrations un élément central des récits au fondement de son identité commune. Chaque pays entretient ainsi un rapport particulier à son histoire migratoire et à la manière...
La nouvelle opération de démantèlement des campements de migrants à Calais qui s’ouvre le 24 octobre 2016 est sans précédent par son ampleur.
La question de la citoyenneté occupe une place importante dans les débats publics autour de l’immigration en France. Ces discussions passionnées sont le reflet des controverses actuelles sur le sens à donner à des valeurs comme « laïcité », « universalisme », « égalité » ou ...
The articles collected in this special issue set out to assess critically both aspects (making and representing the world) of national models from a comparative perspective, bringing together analysis of immigration countries in Europe (in the Netherlands, France and Britain) and settler...
More often than not, the notion of a national model of immigrant integration is held to be self-evident in the comparative scholarship. This type of reasoning, however, does not go without serious costs for the social sciences. Among these costs are the danger of reifying the categories used...
Ce travail interroge la réalité d'une
L'accueil des réfugiés dans le monde: les petites villes construisent-elles le modèle de demain?
De l’évacuation du camp de Calais à la réinstallation des réfugiés syriens et d’Afrique subsaharienne, les petites villes et les zones rurales ont instauré progressivement un nouveau modèle d’accueil et d’intégration.
Quelle gouvernance mondiale des migrations ?
Dans le cadre du cycle des conférences du 40e anniversaire de l'Ifri, le Centre migrations et citoyennetés propose de reprendre à nouveaux frais la discussion sur la gouvernance mondiale des migrations, au regard des évolutions récentes en Europe et dans le reste du monde.
La réinstallation des réfugiés en France : une opportunité pour les petites et moyennes villes ?
En octobre 2017, le président de la République a annoncé la réinstallation en France de 10 000 réfugiés originaires de Syrie et d’Afrique subsaharienne. Cet engagement, qui s’inscrit dans l’Agenda européen en matière de migrations, mobilise l’ensemble des territoires français, à l...
Du local au national: relever le défi de l’accueil des étrangers et de la citoyenneté
De nouveaux courants populistes identitaires agitent l’Europe, à l’Ouest comme à l’Est. Ils font de l’immigration, de l’islam et des musulmans un point de crispation et d’inquiétude. Ces nouveaux discours ne laissent pas indemne le pacte de la citoyenneté. Comment produire des sociétés...
Après les élections françaises de 2017: quelles politiques d'immigration en Europe? Table ronde
Alors que la France semble vouloir assumer un leadership fort sur les questions européennes, quelle influence ce nouveau leadership français peut-il avoir sur les politiques migratoires, d'asile et d'intégration de l'UE?
La démocratie locale en Europe: résister au populisme et à la xénophobie Colloque international
La démocratie locale se trouve en première ligne des nombreux défis auxquels l’UE est aujourd’hui confrontée. Dans un contexte de difficultés socio-économiques et de pressions sur les valeurs de la citoyenneté, que peuvent faire les élus locaux pour promouvoir la participation et l...
La crise des réfugiés en Europe, un an après Conférence réservée aux membres
On a vu dans l’arrivée d’un million de réfugiés en Europe entre 2015 et 2016 la preuve d’un emballement critique des migrations internationales. Qu’en est-il vraiment ? Quelles traces cette « crise des réfugiés » a-t-elle laissé sur l’Union européenne et ses institutions ?...
Utiliser la mémoire: quand les réfugiés font l'histoire Séminaire international
Comment replacer la mémoire des migrants et des réfugiés au cœur des débats sur les migrations et l’asile aujourd’hui en Europe ?
Migrations et réfugiés: rendre sa place à l'histoire Colloque international, Budapest
L’augmentation spectaculaire du nombre de réfugiés en Europe en 2015 a révélé l’incapacité des Européens de s’accorder sur une vision commune du droit d’asile. Si l’Europe a une longue et riche histoire des migrations qui ont fait le continent, la mémoire de cette histoire n’émerge qu...
Diversité et migration: un ressort de la participation citoyenne?
La démocratie locale a été l’un des principaux piliers de la vie politique en Grande-Bretagne. C’est aussi dans les grandes villes industrielles que se sont installés les immigrés venus des anciennes colonies. La ville est devenue le contexte privilégié pour approcher la question des minorités...
Matthieu Tardis, chercheur au centre Migrations et Citoyennetés de l'Ifri, explique au Figaro Live le fonctionnement des quotas d'immigration au Canada. Contrairement aux idées reçues, le Canada n'a pas de quotas d'immigration mais des objectifs cibles d'immigration permanente qui sont...
Faut-il poser des conditions au versement de l'aide publique au développement? Le point de vue de Matthieu Tardis, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri)
Depuis 2015, l’Union européenne a renforcé sa coopération avec l'Afrique pour lutter contre les migrations "irrégulières" et bloquer les migrants avant qu’ils ne traversent la Méditerranée. Mais l'Europe a-t-elle les mains propres dans cette "sous-traitance" de sa politique migratoire ?
Le parcours chaotique de l'Aquarius des côtes italiennes à l'Espagne a montré l'extrême nervosité qui s'est emparée des classes politiques européennes sur les questions migratoires. La politisation de ces enjeux peut-elle déstabiliser durablement les pays européens ?
De sa rhétorique de campagne au projet de loi débattu ce mardi au Sénat, Emmanuel Macron montre une évolution dans son discours sur l'immigration. "Ne renoncer à rien en particulier pour protéger les réfugiés, c’est notre devoir moral et c’est inscrit dans notre Constitution", déclarait...
Le Global Governance Futures – Robert Bosch Foundation Multilateral Dialogues program (GGF) réunit des jeunes actifs qui réfléchissent à des moyens pour mieux répondre aux principaux défis mondiaux à l’horizon 2030. L'Ifri a rejoint le GGF en octobre 2017 pour promouvoir ce réseau de...
A l’occasion de la conférence « démocratie locale en Europe : résister au populisme et à la xénophobie » organisée le 25 janvier dans le cadre du projet MakingOfCitizenship, l’émission Face à l’info de la Première a réuni des élus locaux d’Athènes, Birmingham, Budapest et Paris...
Depuis les années 1980, le mot "intégration" s'était imposé dans le discours politique en France. Que signifie le retour, notamment à droite, du mot "assimilation"?
Le 14 septembre 2016, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, prononcera le discours sur l'état de l'Union devant le Parlement européen. Deux jours plus tard se tiendra le sommet de l'UE à Bratislava - le premier sans le Royaume-Uni. Pour préparer ces...
"En France, la question de la citoyenneté occupe une place importante dans les débats publics autour de l’immigration. Ces discussions passionnées sont le reflet des controverses actuelles sur le sens à donner à des valeurs comme « laïcité », « universalisme », « égalité »...
Mémoires et migrations en Europe
Notre projet "Mémoires et migrations en Europe" a abordé ces questions sous l'angle du rapport des Européens à la mémoire des migrations qui ont fait leur continent.
Pour une description détaillée des activités réalisées dans le cadre de ce projet, voir le document ici.
Projet SUCCESS / Voicing Democracy in Successful European Societies
SUCCESS a pris la forme d'un réseau européen de citoyens habitant et travaillant dans les quartiers populaires de quatre pays : Ballaro à Palerme (Italie), Ladywood à Birmingham (Royaume-Uni), Le Morillon à Montreuil (France) et Outurela-Portela à Oeiras (Portugal). Il a constitué un laboratoire d’idées sur l’avenir de la citoyenneté en Europe, proposant une synthèse dynamique et originale entre l’analyse des réalités vécues par les citoyens, les pratiques institutionnelles locales et l’idéal européen. L’objectif des participants au projet : s’engager pour donner un contenu à la citoyenneté européenne car celle-ci ne peut pas exister si elle n’est pas construite par les citoyens eux-mêmes.
Un projet européen initié par l’Ifri
Le Centre Migrations et Citoyennetés de l'Ifri a lancé le projet SUCCESS en 2011, en partenariat avec la Fondation Calouste Gulbenkian, l’Institut Padre António Vieira et l’Université de Palerme. Ce projet a été soutenu par les programmes « L’Europe pour les citoyens » de la Commission européenne et « Projets citoyens » du Conseil régional d’Île-de-France.
Donner sens à la citoyenneté européenne
SUCCESS réunissait dans chaque pays des citoyens d’origines culturelles, sociales et nationales différentes, qui travaillent ensemble pour dépasser les discours populistes, racistes et xénophobes concernant la citoyenneté, la cohésion sociale, l’intégration des migrants et le multiculturalisme aujourd’hui en Europe. Suivant une démarche « bottom-up », le projet est allé au cœur des communautés locales pour donner une voix aux habitants de quartiers populaires que l’on entend rarement dans les débats européens sur la citoyenneté. Cela a permis de mettre l’accent sur des aspects positifs et d’identifier les vrais problèmes, au-delà des nombreuses idées reçues sur ces quartiers. Chaque groupe local rassemblait des habitants et des professionnels (santé, éducation, police) qui travaillaient dans le quartier. Les groupes se rencontraient fréquemment.
Échanger les idées et les pratiques
L’ensemble des participants se réunissait chaque année pour trois journées de travaux dans l'une des villes du projet (Lisbonne en 2012, Palerme en 2013, Birmingham en 2014). Ces Journées européennes de la citoyenneté étaient l’occasion pour eux de partager les résultats des discussions et des projets menés localement dans chaque quartier au cours de l’année écoulée. Les échanges de réflexions, les rencontres avec des personnalités et les moments festifs donnaient corps à leur conception de la citoyenneté. Les participants ont ainsi identifié 14 thèmes de travail pour structurer leur réflexion sur l’avenir de la citoyenneté en Europe.
1. « ACCOUNTABILITY »
Comment rapprocher les institutions des citoyens ? Dans les quartiers populaires, ce lien est perçu comme difficile voire inexistant. De nombreux préjugés affectent les relations entre les citoyens et la police, l’école, et plus généralement les services publics et les collectivités territoriales. Ils sont renforcés par des pratiques que les habitants jugent parfois illégitimes, comme le contrôle au faciès. En analysant la situation dans leurs pays respectifs, les groupes SUCCESS ont réfléchi à des recommandations pour renforcer la confiance des citoyens envers leurs institutions. Cela concernait, par exemple, la capacité de celles-ci à fournir aux usagers de meilleures informations sur leur fonctionnement, ainsi que de possibles méthodes ou instances de médiations avec les habitants.
« Comment la police va-t-elle changer pour pouvoir convaincre les jeunes qu’ils peuvent venir lui demander de l’aide et l’obtenir? » Alex, Ladywood, Birmingham, Grande-Bretagne
2. APPARTENIR
Qu’est-ce qu’appartenir à l’Europe ? On associe souvent le problème de la citoyenneté européenne à l’absence d’une identité européenne monoculturelle. Or, ce qui singularise l’Union européenne, c’est la pluralité des appartenances : locales, régionales, nationales, culturelles, linguistiques, religieuses, nourries de très nombreuses traditions et histoires, issues ou non de l’immigration. Les groupes SUCCESS ont mis ces héritages, pluriels mais communs, au cœur de leur réflexion sur leurs pratiques de jeunes citoyens. Pour eux, l’Europe, se présentait comme toutes leurs appartenances à la fois, nourrissant leur engagement en tant que citoyens actifs, bien au-delà des schémas traditionnels liés à la nation ou à des identités exclusives.
« Quand je m’investis dans des projets locaux, je me sens citoyen de Ladywood. Lors des fêtes nationales, je me sens citoyen du Royaume-Uni. Apprendre de nouvelles langues m’a permis de me sentir appartenir à l’Europe. Quand je visite ma famille en Inde, je me sens citoyen du monde. » Manraj, Ladywood, Birmingham, Grande-Bretagne
3. DIALOGUE
Comment construire un dialogue direct entre Européens ? Les groupes SUCCESS ont réfléchi à des méthodes pour construire un dialogue entre citoyens de plusieurs pays, vivant des réalités nationales et locales très différentes, mais confrontés aux mêmes problèmes : exclusion, inégalités, discriminations, diverses formes de racisme et de xénophobie, populismes, etc. En mettant en perspective les contextes, les traditions historiques et les institutions, d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un quartier à l’autre, les participants ont trouvé dans ce dialogue européen « par le bas » un moyen pour consolider leur analyse des défis de la citoyenneté aux niveaux local, national et européen.
« Connaître les problèmes qui se posent à d’autres habitants de quartiers populaires en Europe, et les façons dont ils gèrent ces problèmes, nous aide à trouver des manières innovantes de gérer nos problèmes. » Helder, Outurela-Portela, Oeiras, Portugal
4. EDUCATION
Quelle éducation pour la citoyenneté ? La question ne se limite pas à l’éducation civique, loin de là. Dans la réflexion des groupes SUCCESS, elle a concerné surtout le lien entre éducation et mobilité sociale, emploi, inclusion, accès aux droits et lutte contre toutes les formes de préjugés. Plus d’éducation permet une meilleure inclusion et de meilleures opportunités personnelles. Cela permet également de réduire les attitudes de rejet envers les minorités culturelles ou immigrées et une meilleure lutte contre toutes les formes de discrimination. L’éducation est un vecteur de transmission de mémoires plurielles, qu’elles soient locales, nationales, d’« ici » ou « immigrées ».
« L’école est le premier instrument pour améliorer l’intégration dans un pays. A ce titre, les enseignants doivent être préparés à travailler dans un contexte où la langue et la culture peuvent être perçues comme des barrières. » Giacomo, Ballarò, Palerme, Italie
5. EGALITE
Comment penser l’égalité dans des sociétés qui produisent discriminations et exclusion ? Une réponse tient dans la lutte contre les discriminations, déjà au cœur du projet européen. Il est possible d’élargir la question aux inégalités entre les quartiers d’une ville ou d’une ville à l’autre. Parce que l’inégalité est une réalité complexe, le projet d’égalité qui est au fondement de la citoyenneté doit également être envisagé dans sa complexité : égalité des droits et des chances, logiques sociales, institutionnelles et territoriales. Les groupes SUCCESS ont réfléchi à des méthodes capables de lier entre elles les dimensions culturelles, sociales, économiques et territoriales de l’égalité, et de promouvoir cette approche par des dispositifs européens.
« Quand on est au Morillon, on est au Morillon et on a l’impression qu’autour, il se passe des choses mais qu’on n’y a pas accès. » Omar, Le Morillon, Montreuil, France
6. EUROPE
L’Europe peut-elle soutenir l’engagement citoyen des jeunes dans les quartiers populaires ? Les débats publics en Europe voient monter les sentiments nationalistes, populistes, xénophobes et racistes, qui stigmatisent l’immigration et les « banlieues », et qui prennent aussi la forme d’un rejet de l’Europe et de son projet politique et culturel d’une citoyenneté commune. Pour traiter ces questions, les groupes SUCCESS se sont interrogés sur la façon dont les citoyens des quartiers populaires peuvent être mieux reconnus et écoutés au niveau local et national lorsque les institutions européennes les appuient dans leur engagement. C’est dans cette perspective pragmatique qu’ils ont repensé la place de l’Europe dans leur définition de la citoyenneté.
« Si on voit que l’Europe consulte les habitants du quartier sur l’avenir de la citoyenneté, que notre opinion est prise en compte et que cela peut faire la différence, alors on va vraiment réfléchir à ces sujets et donner notre opinion. » Amilcar, Outurela-Portela, Oeiras, Portugal
7. GENRE ET SEXUALITE
Comment aussi penser la diversité comme une question de genre et de sexualité ? A divers degrés, l’égalité des droits est contredite par des discriminations et des frontières morales qui fragmentent les sociétés européennes : exclusion raciste, islamophobie, rejet des immigrés, mais également de nombreuses formes de sexisme et d’homophobie. Les groupes SUCCESS ont analysé les relations qui existent entre ces différents modes d’exclusion, en mettant tout particulièrement l’accent sur le rôle des femmes, et notamment des femmes immigrées, dans la fabrique des liens sociaux dans les quartiers, et sur l’importance de la lutte contre toutes formes de discrimination fondées sur le genre et l’orientation sexuelle.
« Qu’elles soient Roumaines ou Nigériennes, souvent ce sont les femmes qui ouvrent leurs portes, qui s’intéressent à la vie sociale, à ce qui va se passer, aux phénomènes du changement, et pas seulement au travail que nous devons réaliser dans notre société mais aussi aux évolutions culturelles et humaines. » Giuppa, Ballarò, Palerme, Italie
8. SANTE
Comment rapprocher les populations les plus fragiles du droit à la santé ? Certaines voix en appellent aujourd’hui à restreindre l’accès aux soins des étrangers pour lutter contre une immigration jugée indésirable. Or, ce discours anti-immigrés empêche de penser le véritable problème de l’adaptation des institutions de santé aux fragilités sociales des sociétés européennes d’immigration. En partant des réalités de leurs quartiers, les groupes SUCCESS ont réfléchi au coût qu’implique pour la citoyenneté un écart trop grand entre différentes populations dans l’accès aux soins. Leurs réflexion ont porté sur des solutions, par exemple en termes de formation des professionnels, d’accommodements culturels ou de sensibilisation des immigrés.
« Au niveau international, le droit à la santé doit être reconnu comme un droit fondamental permettant aux gens d’exercer dans de bonnes conditions et de manière active leur citoyenneté, et ainsi de contribuer au développement de la société. » Ana, Outurela-Portela, Oeiras, Portugal
9. CITOYENNETE LOCALE
Comment faire de la citoyenneté une pratique concrète ? La citoyenneté n’est pas une question d’élites culturelles ou économiques. Elle n’est pas non plus une question abstraite et théorique. Elle est avant tout une pratique. Le quartier est l’espace concret de cette pratique, qui permet de poser les grandes questions du vivre ensemble à partir des réalités vécues. L’engagement démocratique trouve au niveau local un laboratoire important d’innovation, de questionnements et de dialogue entre institutions et populations. Dans la réflexion des groupes SUCCESS, le quartier a constitué un point d’appui pour donner à la citoyenneté un contenu concret capable d’enrichir les actions des institutions nationales et européennes.
« Mon quartier est l’endroit le plus important pour moi car c’est là que j’ai vécu toute ma vie. Mon travail va devenir de plus en plus global mais Outurela-Portela sera toujours pour moi un exemple. On travaille toujours pour les gens, peu importe la taille du groupe. » Helder, Outurela-Portela, Oeiras, Portugal
10. MEDIA
Comment renverser les stéréotypes négatifs sur les quartiers populaires ? Les débats publics en Europe établissent un lien entre immigration, délinquance et insécurité, qui stigmatise les quartiers populaires et leurs habitants. Des notions fourre-tout comme « banlieue », « jeunes » ou « musulmans » masquent des réalités très différentes qu’il est difficile de faire connaître au public. Dans leur analyse, les groupes SUCCESS ont privilégié un travail direct avec les médias, par exemple au moment de la formation des journalistes, pour promouvoir un autre regard capable de dépasser les nombreuses idées reçues et leurs conséquences négatives sur le « vivre ensemble ».
« Le Bureau britannique de la ‘Responsabilité budgétaire’ souligne que les migrants contribuent positivement aux finances publiques. Malgré tout, l’idée répandue que les immigrés sont un fardeau pour notre système social s’appuie, non pas sur la réalité des chiffres, mais sur une image caricaturale et biaisée construite par les médias. » Amy, Ladywood, Birmingham, Grande-Bretagne
11. MULTICULTURALISME
Comment réconcilier les Européens avec le multiculturalisme ? Depuis les années 2000, la « crise du multiculturalisme » est au cœur des débats en Europe. Des voix s’élèvent pour le condamner car il serait la cause d’un « échec d’intégration » des immigrés. Ces idées reposent essentiellement sur des considérations électorales et ne résistent pas à l’analyse. De plus, la diversité culturelle en Europe n’est pas une question d’opinion ou de préférence. Elle est déjà la réalité vécue des citoyens européens. Les groupes SUCCESS ont réfléchi aux façons de rompre avec les peurs et les préjugés entretenus par les discours publics afin de voir dans le multiculturalisme une dimension normale de la citoyenneté.
« Le multiculturalisme, il faut le prendre en compte, parce qu’il existe. Tous les jours, il est là. On dit : ‘bonjour’, on dit : ‘au revoir’, on l’aime ou on ne l’aime pas, mais il est là. » Fouzya, Le Morillon, Montreuil, France
12. PARTICIPATION
Comment convaincre les citoyens de l'importance de participer aux institutions? Il n’y a pas de citoyenneté si les citoyens ne s’engagent pas dans une relation active avec leurs institutions, notamment au niveau local : élections, conseils de quartiers, consultations d’habitants, conseils de classe, etc. Une telle participation renforce la capacité des citoyens à être reconnus comme des acteurs à part entière du fonctionnement transparent et démocratique des institutions. Les groupes SUCCESS ont imaginé des méthodes pour convaincre les habitants de leurs quartiers de l’importance de cette participation, afin qu’ils puissent mieux peser sur les politiques qui les concernent et renforcer leur sentiment d’être des citoyens de plein droit aux niveaux local, national et européen
« Nous pourrions, nous qui sommes jeunes, du ‘bas’, chercher à rompre ces barrières. Si nous ne le faisons pas nous, il n’y aura pas de futur. » Aroua, Ballarò, Palerme, Italie
13. REPRESENTATION
Comment mieux représenter les citoyens ? Un problème central de la citoyenneté tient au déficit de confiance des citoyens envers leurs institutions nationales et européennes, souvent perçues comme trop éloignées des réalités de terrain. La faible présence des femmes, des jeunes ou des membres des minorités culturelles et religieuses dans certaines de ces institutions est une des raisons de cette distance ressentie. En croisant des situations très variables d’un pays à l’autre, les groupes SUCCESS ont analysé les facteurs capables de privilégier la représentation sociale la plus large possible des populations à l’intérieur des institutions.
« Les institutions doivent ressembler aux gens qu’elles représentent et accepter leur diversité. C’est ça la démocratie : ne pas être exclu mais faire partie du jeu, quel que soit son âge, son genre, son ethnicité et son statut social. » Tyrone, Ladywood, Birmingham, United Kingdom
14. MOBILITE SOCIALE
Comment donner corps à la citoyenneté en période de crise économique ? L’absence de perspectives d’avenir est un obstacle à la participation citoyenne. La crise économique aggrave ce blocage, surtout dans des quartiers populaires où les taux de chômage sont multipliés par deux ou par trois par rapport aux moyennes nationales, et touchent d’abord les jeunes, les femmes et les populations minoritaires et immigrées. Penser la citoyenneté aujourd’hui, c’est donc aussi réfléchir à ses dimensions socio-économiques et au programme de l’Etat providence à l’heure de la mondialisation. Les réflexions des groupes SUCCESS ont porté sur la façon dont il est possible de poser ces questions aujourd’hui en Europe.
« On met surtout les peuples dos-à-dos en faisant peur avec le ‘plombier Polonais’ ou la Grèce. Il faudrait créer une harmonisation économique pour que les choses aillent mieux. Et mettre nos expériences en commun, les choses qu’on vit de la même façon. » Aurélie, Le Morillon, Montreuil, France