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Citoyenneté, populisme et appartenances

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En quelques années seulement, la question de la citoyenneté dans les pays occidentaux a été reformulée en profondeur par de nouveaux discours sur l’immigration, au gré d’une crispation sur les identités nationales et contre les migrants, le « multiculturalisme » et l’islam. D’une problématique d’accès à des droits (civils, politiques et sociaux), la citoyenneté est devenue une question sur les valeurs liées à des traditions politiques nationales – la laïcité en France, la réaction contre le multiculturalisme aux Pays-Bas, l’identité nationale en Italie ou la Britishness outre-Manche. Face à ces représentations publiques aujourd’hui très ancrées, les réalités sont plus complexes. L’intégration des migrants et de leurs descendants dans les institutions (armées, école, hôpitaux, police) et sur le marché du travail a mis la lutte contre le racisme et les discriminations à l’agenda. Les sociétés européennes sont des sociétés d’immigration où la participation des migrants et de leurs enfants permet de saisir les transformations profondes qui sont aujourd’hui à l’œuvre en matière d’appartenance et de citoyenneté.

À travers des enquêtes de terrain inédites, des publications et l’organisation de débats en collaboration avec des chercheurs du monde entier, le Centre migrations et citoyennetés de l’Ifri propose une analyse des nouvelles relations entre citoyenneté et appartenance, en abordant les problématiques suivantes :

  • La participation des migrants et de leurs descendants aux institutions nationales, à travers des comparaisons entre pays (France, Canada, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Allemagne, etc.) et entre institutions (armées, gendarmerie, hôpitaux, police) ;
  • Les enjeux du vivre ensemble pour les entreprises et les syndicats ;
  • La question du genre, du voile et des discriminations dans le monde du travail ;
  • L’impact des perceptions par les Européens des migrants et de leurs descendants, et les liens avec le passé migratoire de chaque pays.

 

30/11/2011
Par : Christophe BERTOSSI, Nancy FONER

Ce numéro spécial d'American Behavioral Scientist est le résultat d'un projet collaboratif dirigée par Christophe Bertossi et Nancy Foner dans le cadre d'une journée d'étude le 10 juin 2010, organisée à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon par le Collegium-Institut d'Etudes...

29/08/2011
Par : Christophe BERTOSSI, Dorothée PRUD'HOMME

La "diversité" est aujourd'hui une réalité importante des établissements hospitaliers en France. L'hôpital public et privé emploie un personnel très diversifié socialement et culturellement et lui offre des opportunités de mobilité sociale ascendante. Cette diversité constitue une ressource...

17/11/2010
Par : Dorothée PRUD'HOMME

Depuis une quinzaine d'années, l'Union européenne met en place des outils législatifs, institutionnels, financiers et politiques pour lutter contre la discrimination raciale de façon cohérente et intégrée sur le territoire européen.

30/03/2007

Les militaires français issus de l'immigration ont longtemps compté sur l'armée pour effacer les préjugés sociaux et culturels dont ils font l'objet. Mais sont-ils des militaires comme les autres ou constituent-ils une population spécifique ? Comment l'armée offre-t-elle à certains l...

30/11/2006

L'agenda européen en matière de lutte contre les discriminations, initié par le Traité d'Amsterdam en 1997, est devenu une question majeure pour comprendre l'avenir de la citoyenneté en Europe. Faisant appel à des auteurs de renommée internationale (Andrew Geddes, Etienne Balibar, Stephen...

01/07/2005

La question des identités n'a pas toujours trouvé une place légitime dans les débats sur l'avenir du modèle républicain français. A l'heure où les modèles d'intégration sont remis en question dans la plupart des pays européens d'immigration, le modèle français fait à son tour l'expérience du...

25
avr
2016
Lundi 25 Avril 2016
de 14:30 à 17:00 - Conférences

L’Europe a une longue histoire de migration qui a contribué à façonner le continent. Cependant, les débats actuels sur l’asile et les migrations se réfèrent très peu à la mémoire de cette histoire. Ce sont dans les grandes villes cosmopolites que les traces de ces migrations sont les plus...

04
mar
2016
Vendredi 04 Mars 2016
de 14:00 à 18:00 - Conférences

Depuis bientôt dix ans, la participation citoyenne fait l'épreuve d'une crise économique et financière majeure, et les divisions nationalistes et xénophobes remettent en question le projet européen lui-même. Pour autant, de nouvelles formes de participation semblent aussi apparaître, et la...

22
sep
2011
Jeudi 22 Septembre 2011
de 18:00 à 19:30 - Conférences

En s'appuyant sur deux années de recherches sur le terrain, les chercheurs du Centre Migrations et Citoyennetés proposent une analyse de la " diversité " socio-culturelle et religieuse à l'hôpital et soulèvent la question rarement abordée de la discrimination raciale dans les institutions de...

15/10/2021
Par : Claude MEYER, cité par Frédéric Lemaître dans Le Monde

Deux ouvrages, « Le Renouveau éclatant du spirituel en Chine » et « Chine et terres d’islam », analysent respectivement le succès du religieux dans l’empire du Milieu malgré la répression, et les relations intérieures et extérieures de la puissance communiste avec l’islam.

13/10/2021

Replay vidéo de l'audition de Matthieu Tardis, chercheur au Centre migrations et citoyennetés de l’Institut français des relations internationales (Ifri) et de Sophie Bilong, consultante pour l'Observatoire de l'immigration et de l'asile de l'Ifri, par la Commission d'enquête sur les...

13/12/2020
Par : Paul MAURICE, cité par Salvador Martínez Mas dans Nius. Article paru en espagnol

La France et l'Allemagne montrent leur volonté d'expulser les immigrés considérés comme « dangereux » au profit de la lutte contre les islamistes violents. Mais de telles expulsions ne sont pas toujours possibles.

22/06/2019
Par : Christophe BERTOSSI, invité d'Hervé Gardette dans "Politique!" sur France Culture

Edouard Philippe l'a annoncé dans son discours de politique générale : l'asile et l'immigration feront désormais l'objet d'un débat annuel au Parlement. Quel en sera le but ? Quelle place occupent ces questions migratoires dans les débats et la polarisation politiques en France ?

31/01/2017
Par : Emission enregistrée lors de la conférence de l'Ifri à Bruxelles par la RTBF

A l’occasion de la conférence « démocratie locale en Europe : résister au populisme et à la xénophobie » organisée le 25 janvier dans le cadre du projet MakingOfCitizenship, l’émission Face à l’info de la Première a réuni des élus locaux d’Athènes, Birmingham, Budapest et Paris...

23/06/2016
Par : Christophe BERTOSSI, interviewé par Julie DROIN pour la radio Medi1, Maroc

"En France, la question de la citoyenneté occupe une place importante dans les débats publics autour de l’immigration. Ces discussions passionnées sont le reflet des controverses actuelles sur le sens à donner à des valeurs comme « laïcité », « universalisme », « égalité »...

 

Mémoires et migrations en Europe

Notre projet "Mémoires et migrations en Europe" a abordé ces questions sous l'angle du rapport des Européens à la mémoire des migrations qui ont fait leur continent. 

Pour une description détaillée des activités réalisées dans le cadre de ce projet, voir le document ici.

Projet SUCCESS / Voicing Democracy in Successful European Societies

SUCCESS a pris la forme d'un réseau européen de citoyens habitant et travaillant dans les quartiers populaires de quatre pays : Ballaro à Palerme (Italie), Ladywood à Birmingham (Royaume-Uni), Le Morillon à Montreuil (France) et Outurela-Portela à Oeiras (Portugal). Il a constitué un laboratoire d’idées sur l’avenir de la citoyenneté en Europe, proposant une synthèse dynamique et originale entre l’analyse des réalités vécues par les citoyens, les pratiques institutionnelles locales et l’idéal européen. L’objectif des participants au projet : s’engager pour donner un contenu à la citoyenneté européenne car celle-ci ne peut pas exister si elle n’est pas construite par les citoyens eux-mêmes.

Voir la vidéo du projet

Un projet européen initié par l’Ifri

Le Centre Migrations et Citoyennetés de l'Ifri a lancé le projet SUCCESS en 2011, en partenariat avec la Fondation Calouste Gulbenkian, l’Institut Padre António Vieira et l’Université de Palerme. Ce projet a été soutenu par les programmes « L’Europe pour les citoyens » de la Commission européenne et « Projets citoyens » du Conseil régional d’Île-de-France.

Donner sens à la citoyenneté européenne

SUCCESS réunissait dans chaque pays des citoyens d’origines culturelles, sociales et nationales différentes, qui travaillent ensemble pour dépasser les discours populistes, racistes et xénophobes concernant la citoyenneté, la cohésion sociale, l’intégration des migrants et le multiculturalisme aujourd’hui en Europe. Suivant une démarche « bottom-up », le projet est allé au cœur des communautés locales pour donner une voix aux habitants de quartiers populaires que l’on entend rarement dans les débats européens sur la citoyenneté. Cela a permis de mettre l’accent sur des aspects positifs et d’identifier les vrais problèmes, au-delà des nombreuses idées reçues sur ces quartiers. Chaque groupe local rassemblait des habitants et des professionnels (santé, éducation, police) qui travaillaient dans le quartier. Les groupes se rencontraient fréquemment.

Échanger les idées et les pratiques

L’ensemble des participants se réunissait chaque année pour trois journées de travaux dans l'une des villes du projet (Lisbonne en 2012, Palerme en 2013, Birmingham en 2014). Ces Journées européennes de la citoyenneté étaient l’occasion pour eux de partager les résultats des discussions et des projets menés localement dans chaque quartier au cours de l’année écoulée. Les échanges de réflexions, les rencontres avec des personnalités et les moments festifs donnaient corps à leur conception de la citoyenneté. Les participants ont ainsi identifié 14 thèmes de travail pour structurer leur réflexion sur l’avenir de la citoyenneté en Europe.

1. « ACCOUNTABILITY »

Comment rapprocher les institutions des citoyens ? Dans les quartiers populaires, ce lien est perçu comme difficile voire inexistant. De nombreux préjugés affectent les relations entre les citoyens et la police, l’école, et plus généralement les services publics et les collectivités territoriales. Ils sont renforcés par des pratiques que les habitants jugent parfois illégitimes, comme le contrôle au faciès. En analysant la situation dans leurs pays respectifs, les groupes SUCCESS ont réfléchi à des recommandations pour renforcer la confiance des citoyens envers leurs institutions. Cela concernait, par exemple, la capacité de celles-ci à fournir aux usagers de meilleures informations sur leur fonctionnement, ainsi que de possibles méthodes ou instances de médiations avec les habitants.

« Comment la police va-t-elle changer pour pouvoir convaincre les jeunes qu’ils peuvent venir lui demander de l’aide et l’obtenir? » Alex, Ladywood, Birmingham, Grande-Bretagne

2. APPARTENIR

Qu’est-ce qu’appartenir à l’Europe ? On associe souvent le problème de la citoyenneté européenne à l’absence d’une identité européenne monoculturelle. Or, ce qui singularise l’Union européenne, c’est la pluralité des appartenances : locales, régionales, nationales, culturelles, linguistiques, religieuses, nourries de très nombreuses traditions et histoires, issues ou non de l’immigration. Les groupes SUCCESS ont mis ces héritages, pluriels mais communs, au cœur de leur réflexion sur leurs pratiques de jeunes citoyens. Pour eux, l’Europe, se présentait comme toutes leurs appartenances à la fois, nourrissant leur engagement en tant que citoyens actifs, bien au-delà des schémas traditionnels liés à la nation ou à des identités exclusives.

« Quand je m’investis dans des projets locaux, je me sens citoyen de Ladywood. Lors des fêtes nationales, je me sens citoyen du Royaume-Uni. Apprendre de nouvelles langues m’a permis de me sentir appartenir à l’Europe. Quand je visite ma famille en Inde, je me sens citoyen du monde. » Manraj, Ladywood, Birmingham, Grande-Bretagne

3. DIALOGUE

Comment construire un dialogue direct entre Européens ? Les groupes SUCCESS ont réfléchi à des méthodes pour construire un dialogue entre citoyens de plusieurs pays, vivant des réalités nationales et locales très différentes, mais confrontés aux mêmes problèmes : exclusion, inégalités, discriminations, diverses formes de racisme et de xénophobie, populismes, etc. En mettant en perspective les contextes, les traditions historiques et les institutions, d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un quartier à l’autre, les participants ont trouvé dans ce dialogue européen « par le bas » un moyen pour consolider leur analyse des défis de la citoyenneté aux niveaux local, national et européen.

« Connaître les problèmes qui se posent à d’autres habitants de quartiers populaires en Europe, et les façons dont ils gèrent ces problèmes, nous aide à trouver des manières innovantes de gérer nos problèmes. » Helder, Outurela-Portela, Oeiras, Portugal

4. EDUCATION

Quelle éducation pour la citoyenneté ? La question ne se limite pas à l’éducation civique, loin de là. Dans la réflexion des groupes SUCCESS, elle a concerné surtout le lien entre éducation et mobilité sociale, emploi, inclusion, accès aux droits et lutte contre toutes les formes de préjugés. Plus d’éducation permet une meilleure inclusion et de meilleures opportunités personnelles. Cela permet également de réduire les attitudes de rejet envers les minorités culturelles ou immigrées et une meilleure lutte contre toutes les formes de discrimination. L’éducation est un vecteur de transmission de mémoires plurielles, qu’elles soient locales, nationales, d’« ici » ou « immigrées ».

« L’école est le premier instrument pour améliorer l’intégration dans un pays. A ce titre, les enseignants doivent être préparés à travailler dans un contexte où la langue et la culture peuvent être perçues comme des barrières. » Giacomo, Ballarò, Palerme, Italie

5. EGALITE

Comment penser l’égalité dans des sociétés qui produisent discriminations et exclusion ? Une réponse tient dans la lutte contre les discriminations, déjà au cœur du projet européen. Il est possible d’élargir la question aux inégalités entre les quartiers d’une ville ou d’une ville à l’autre. Parce que l’inégalité est une réalité complexe, le projet d’égalité qui est au fondement de la citoyenneté doit également être envisagé dans sa complexité : égalité des droits et des chances, logiques sociales, institutionnelles et territoriales. Les groupes SUCCESS ont réfléchi à des méthodes capables de lier entre elles les dimensions culturelles, sociales, économiques et territoriales de l’égalité, et de promouvoir cette approche par des dispositifs européens.

« Quand on est au Morillon, on est au Morillon et on a l’impression qu’autour, il se passe des choses mais qu’on n’y a pas accès. » Omar, Le Morillon, Montreuil, France

6. EUROPE

L’Europe peut-elle soutenir l’engagement citoyen des jeunes dans les quartiers populaires ? Les débats publics en Europe voient monter les sentiments nationalistes, populistes, xénophobes et racistes, qui stigmatisent l’immigration et les « banlieues », et qui prennent aussi la forme d’un rejet de l’Europe et de son projet politique et culturel d’une citoyenneté commune. Pour traiter ces questions, les groupes SUCCESS se sont interrogés sur la façon dont les citoyens des quartiers populaires peuvent être mieux reconnus et écoutés au niveau local et national lorsque les institutions européennes les appuient dans leur engagement. C’est dans cette perspective pragmatique qu’ils ont repensé la place de l’Europe dans leur définition de la citoyenneté.

« Si on voit que l’Europe consulte les habitants du quartier sur l’avenir de la citoyenneté, que notre opinion est prise en compte et que cela peut faire la différence, alors on va vraiment réfléchir à ces sujets et donner notre opinion. » Amilcar, Outurela-Portela, Oeiras, Portugal

7. GENRE ET SEXUALITE

Comment aussi penser la diversité comme une question de genre et de sexualité ? A divers degrés, l’égalité des droits est contredite par des discriminations et des frontières morales qui fragmentent les sociétés européennes : exclusion raciste, islamophobie, rejet des immigrés, mais également de nombreuses formes de sexisme et d’homophobie. Les groupes SUCCESS ont analysé les relations qui existent entre ces différents modes d’exclusion, en mettant tout particulièrement l’accent sur le rôle des femmes, et notamment des femmes immigrées, dans la fabrique des liens sociaux dans les quartiers, et sur l’importance de la lutte contre toutes formes de discrimination fondées sur le genre et l’orientation sexuelle.

« Qu’elles soient Roumaines ou Nigériennes, souvent ce sont les femmes qui ouvrent leurs portes, qui s’intéressent à la vie sociale, à ce qui va se passer, aux phénomènes du changement, et pas seulement au travail que nous devons réaliser dans notre société mais aussi aux évolutions culturelles et humaines. » Giuppa, Ballarò, Palerme, Italie

8. SANTE

Comment rapprocher les populations les plus fragiles du droit à la santé ? Certaines voix en appellent aujourd’hui à restreindre l’accès aux soins des étrangers pour lutter contre une immigration jugée indésirable. Or, ce discours anti-immigrés empêche de penser le véritable problème de l’adaptation des institutions de santé aux fragilités sociales des sociétés européennes d’immigration. En partant des réalités de leurs quartiers, les groupes SUCCESS ont réfléchi au coût qu’implique pour la citoyenneté un écart trop grand entre différentes populations dans l’accès aux soins. Leurs réflexion ont porté sur des solutions, par exemple en termes de formation des professionnels, d’accommodements culturels ou de sensibilisation des immigrés.

« Au niveau international, le droit à la santé doit être reconnu comme un droit fondamental permettant aux gens d’exercer dans de bonnes conditions et de manière active leur citoyenneté, et ainsi de contribuer au développement de la société. » Ana, Outurela-Portela, Oeiras, Portugal

9. CITOYENNETE LOCALE

Comment faire de la citoyenneté une pratique concrète ? La citoyenneté n’est pas une question d’élites culturelles ou économiques. Elle n’est pas non plus une question abstraite et théorique. Elle est avant tout une pratique. Le quartier est l’espace concret de cette pratique, qui permet de poser les grandes questions du vivre ensemble à partir des réalités vécues. L’engagement démocratique trouve au niveau local un laboratoire important d’innovation, de questionnements et de dialogue entre institutions et populations. Dans la réflexion des groupes SUCCESS, le quartier a constitué un point d’appui pour donner à la citoyenneté un contenu concret capable d’enrichir les actions des institutions nationales et européennes.

« Mon quartier est l’endroit le plus important pour moi car c’est là que j’ai vécu toute ma vie. Mon travail va devenir de plus en plus global mais Outurela-Portela sera toujours pour moi un exemple. On travaille toujours pour les gens, peu importe la taille du groupe. » Helder, Outurela-Portela, Oeiras, Portugal

10. MEDIA

Comment renverser les stéréotypes négatifs sur les quartiers populaires ? Les débats publics en Europe établissent un lien entre immigration, délinquance et insécurité, qui stigmatise les quartiers populaires et leurs habitants. Des notions fourre-tout comme « banlieue », « jeunes » ou « musulmans » masquent des réalités très différentes qu’il est difficile de faire connaître au public. Dans leur analyse, les groupes SUCCESS ont privilégié un travail direct avec les médias, par exemple au moment de la formation des journalistes, pour promouvoir un autre regard capable de dépasser les nombreuses idées reçues et leurs conséquences négatives sur le « vivre ensemble ».

« Le Bureau britannique de la ‘Responsabilité budgétaire’ souligne que les migrants contribuent positivement aux finances publiques. Malgré tout, l’idée répandue que les immigrés sont un fardeau pour notre système social s’appuie, non pas sur la réalité des chiffres, mais sur une image caricaturale et biaisée construite par les médias. » Amy, Ladywood, Birmingham, Grande-Bretagne

11. MULTICULTURALISME

Comment réconcilier les Européens avec le multiculturalisme ? Depuis les années 2000, la « crise du multiculturalisme » est au cœur des débats en Europe. Des voix s’élèvent pour le condamner car il serait la cause d’un « échec d’intégration » des immigrés. Ces idées reposent essentiellement sur des considérations électorales et ne résistent pas à l’analyse. De plus, la diversité culturelle en Europe n’est pas une question d’opinion ou de préférence. Elle est déjà la réalité vécue des citoyens européens. Les groupes SUCCESS ont réfléchi aux façons de rompre avec les peurs et les préjugés entretenus par les discours publics afin de voir dans le multiculturalisme une dimension normale de la citoyenneté.

« Le multiculturalisme, il faut le prendre en compte, parce qu’il existe. Tous les jours, il est là. On dit : ‘bonjour’, on dit : ‘au revoir’, on l’aime ou on ne l’aime pas, mais il est là. » Fouzya, Le Morillon, Montreuil, France

12. PARTICIPATION

Comment convaincre les citoyens de l'importance de participer aux institutions? Il n’y a pas de citoyenneté si les citoyens ne s’engagent pas dans une relation active avec leurs institutions, notamment au niveau local : élections, conseils de quartiers, consultations d’habitants, conseils de classe, etc. Une telle participation renforce la capacité des citoyens à être reconnus comme des acteurs à part entière du fonctionnement transparent et démocratique des institutions. Les groupes SUCCESS ont imaginé des méthodes pour convaincre les habitants de leurs quartiers de l’importance de cette participation, afin qu’ils puissent mieux peser sur les politiques qui les concernent et renforcer leur sentiment d’être des citoyens de plein droit aux niveaux local, national et européen

« Nous pourrions, nous qui sommes jeunes, du ‘bas’, chercher à rompre ces barrières. Si nous ne le faisons pas nous, il n’y aura pas de futur. » Aroua, Ballarò, Palerme, Italie

13. REPRESENTATION

Comment mieux représenter les citoyens ? Un problème central de la citoyenneté tient au déficit de confiance des citoyens envers leurs institutions nationales et européennes, souvent perçues comme trop éloignées des réalités de terrain. La faible présence des femmes, des jeunes ou des membres des minorités culturelles et religieuses dans certaines de ces institutions est une des raisons de cette distance ressentie. En croisant des situations très variables d’un pays à l’autre, les groupes SUCCESS ont analysé les facteurs capables de privilégier la représentation sociale la plus large possible des populations à l’intérieur des institutions.

« Les institutions doivent ressembler aux gens qu’elles représentent et accepter leur diversité. C’est ça la démocratie : ne pas être exclu mais faire partie du jeu, quel que soit son âge, son genre, son ethnicité et son statut social. » Tyrone, Ladywood, Birmingham, United Kingdom

14. MOBILITE SOCIALE

Comment donner corps à la citoyenneté en période de crise économique ? L’absence de perspectives d’avenir est un obstacle à la participation citoyenne. La crise économique aggrave ce blocage, surtout dans des quartiers populaires où les taux de chômage sont multipliés par deux ou par trois par rapport aux moyennes nationales, et touchent d’abord les jeunes, les femmes et les populations minoritaires et immigrées. Penser la citoyenneté aujourd’hui, c’est donc aussi réfléchir à ses dimensions socio-économiques et au programme de l’Etat providence à l’heure de la mondialisation. Les réflexions des groupes SUCCESS ont porté sur la façon dont il est possible de poser ces questions aujourd’hui en Europe.

« On met surtout les peuples dos-à-dos en faisant peur avec le ‘plombier Polonais’ ou la Grèce. Il faudrait créer une harmonisation économique pour que les choses aillent mieux. Et mettre nos expériences en commun, les choses qu’on vit de la même façon. » Aurélie, Le Morillon, Montreuil, France